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Faute de virus hivernaux, la vente de médicaments est en chute libre

Les mesures anti-Covid ont fait baisser le nombre de maladies hivernales et la vente de médicaments dans les pharmacies. [Keystone - Christian Beutler]
Les mesures préventives anti-Covid ont fait baisser les ventes de médicaments / La Matinale / 1 min. / le 7 juin 2021
Les mesures sanitaires anti-Covid-19 ont eu la peau de nombreux virus hivernaux, à l'instar de la grippe, très discrète cette année. Conséquence: les ventes de médicaments ont fortement diminué ces derniers mois, ce qui pose problème aux pharmacies.

Selon le président de PharmaGenève Remi Lafaix, la baisse touche d'abord les ventes de médicaments sans ordonnance: anti-inflammatoires, sirops contre la toux ou la sinusite et autres molécules beaucoup utilisées l'hiver pour lutter contre les refroidissements.

Mais la remise de médicaments sur prescription est concernée elle aussi: "Il y a eu une baisse très significative des ordonnances pour les patients, qui ont moins consulté leur médecin pour des petites affections. On l'a vu particulièrement sur les antibiotiques, notamment en pédiatrie. Là, on a eu quasiment une diminution d'un facteur 10 de la prescription et de la délivrance de médicaments", a-t-il témoigné lundi dans La Matinale. Une baisse due, explique-t-il, au fait que les gens "se transmettent moins les petits virus hivernaux".

Les ventes liées au Covid ne compensent pas

Le télétravail est venu accroître cette tendance à la baisse des ventes dans les pharmacie des villes et des centres commerciaux, même si l'ensemble de la branche est touchée. "L'industrie nous a confirmé un recul d'à peu près 60% pour les produits utilisés pour les refroidissements ou les gastro-entérites", a ainsi signalé Martine Ruggli, présidente de PharmaSuisse, l'association faîtière de la branche.

Un manque à gagner que les pharmacies ne sont pas forcément parvenues à compenser par les dépistages ou les ventes de masques et autres gels hydroalcooliques.

Sujet radio: Sylvie Belzer

Adaptation web: Vincent Cherpillod

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Les pharmacies insatisfaites de leur mode de rémunération

Le secteur des pharmacies traverse aussi des difficultés importantes depuis le changement du mode de rémunération des officines dans les années 2000. Depuis, les pharmaciens ne sont plus rémunérés par une marge proportionnelle au prix des médicaments, mais pour la prestation effectuée, peu importe le prix de ces derniers. Or, ces changements ont entraîné des difficultés majeures pour la branche.

"Depuis l'an 2000, il a manqué aux pharmaciens environ 15% de marge pour pouvoir couvrir leurs frais de fonctionnement", a expliqué dans le 12h30 Gérard Bédat, pharmacien à Genève et vice-président de Pharm!action, qui fait du lobbying pour la branche.

Trop peu de marge sur les médicaments chers

Dans le domaine des médicaments délivrés sur prescription, un patient qui a une ordonnance compliquée rapporte par exemple moins que celui qui s'est vu prescrire un médicament tout simple. "Les pharmacies entourées de prescripteurs de médicaments à prix bas - en pédiatrie ou dermatologie par exemple - s'en sortent extrêmement bien. Par contre, celles qui font dans la psychiatrie, le diabète ou l'hypertension ne peuvent plus vivre", détaille le pharmacien.

Pour s'en sortir, il a recentré son activité sur la délivrance de médicaments en vente libre. "Je faisais 75% d'ordonnances. Aujourd'hui, je suis descendu sous les 50%, parce qu'en restant à 75%, je devais mettre la clef sous la porte", témoigne Gérard Bédat. Après trois années dans les chiffres rouges, il a notamment développé la vente de produits naturels.

>> Ecouter l'interview de Gérard Bédat dans le 12h30 :

Les mesures anti-Covid ont fait baisser le nombre de maladies hivernales et la vente de médicaments dans les pharmacies. [Keystone - Christian Beutler]Keystone - Christian Beutler
Les pharmacies traversent d'importantes difficultés: interview de Gérard Bédat / Le 12h30 / 2 min. / le 7 juin 2021