Ils ont 17 ou 18 ans et la retraite est encore une échéance fort éloignée pour eux, mais ces jeunes Fribourgeois ont déjà conscience que, au-delà de la bataille politique qui se joue au Parlement, la réforme de l'AVS est un enjeu de société majeur pour les générations à venir. "Ca paraît très lointain étant donné qu'on n'a pas encore commencé à travailler, qu'on n'a pas encore reçu de salaire. Mais il faut tout de même qu'on y pense déjà et qu'on garde ça à l'esprit", note ainsi Léa.
Mais la retraite, ça leur évoque quoi? "C'est quand on a travaillé toute notre vie et qu'on a droit à un peu de repos", résume Thoma. Plus terre à terre, Tom - qui a un boulot à côté des études - y voit quant à lui "une ligne de plus sur le certificat de salaire". "Ca enlève un petit pourcentage au salaire. Au début, on est un peu choqué, on se demande à quoi ça sert. Au final, nos parents nous expliquent que c'est pour plus tard, qu'on sera très content d'avoir une retraite quand ce sera notre tour."
Pour l'égalité, mais à tous les niveaux
La révision de l'AVS empoisonne la politique fédérale depuis 1997, date de la dernière grande réforme aboutie du premier pilier. Le relèvement de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans est au coeur du projet en cours. Cette mesure devrait permettre d'économiser 10 milliards de francs ces dix prochaines années. Le principe, déjà accepté par le Conseil des Etats, devrait également être entériné par le Conseil national. Les discussions butent sur le montant et l'étendue des compensations accordées aux première cohortes de femmes concernées.
Les six jeunes sont tous favorables à cette mesure, au nom de l'égalité. "On est dans une période où les femmes essaient d’être au même niveau que les hommes. L'âge de la retraite doit être un des points qui dérangent le plus les hommes", estime Julie. Mais tous, ou presque, insistent aussi sur la nécessité d'atteindre l'égalité en matière salariale. "Ca doit aller dans les deux sens. Le salaire des femmes devrait augmenter au même niveau que le salaire des hommes pour que ce soit totalement égalitaire", explique Amandine.
Quel âge pour leur retraite?
Pour Thibault, en revanche, le débat devrait moins porter sur les questions de genre que sur la pénibilité du travail. "On pourrait uniformiser l'âge de la retraite en fonction du secteur d'activité, plus tôt pour les métiers à risque et plus tard pour les métiers plus tranquilles, comme ceux de bureau", suggère-t-il. "Mais à travail égal et secteur égal, je pense qu'il n'y a pas de raison de faire une différence de traitement", ajoute l'étudiant, faisant écho aux propositions politiques de flexibilisation de l'âge de la retraite.
Reste la question "boule de cristal": quel sera l'âge de la retraite pour leur génération? "Si ça se trouve, quand j'aurai 65 ans, la retraite sera déjà à 75 ans", imagine Thibault. Plus optimiste, Amandine s'attend, elle, à quitter le monde du travail "entre 63 et 67 ans". Mais "je ne sais pas" est incontestablement la réponse la plus fréquente. "La société évolue tellement qu'on ne peut pas dire aujourd'hui à quel âge on partira à la retraite. Je pense à 65 ans. Ou plus, on verra bien", conclut Léa.
Rouven Gueissaz/dk