Recycler ses cheveux pour faire des tapis anti-pollution
Revaloriser les déchets de cheveux des coiffeurs et en faire des tapis absorbants destinés à l'industrie, c'est le concept développé par Recup'Hair. En Suisse, 400coiffeurs jouent déjà le jeu.
Une camionnette blanche estampillée "Recup'Hair" s'arrête devant le salon "Studio Manor" au centre de Lausanne. Quelques minutes plus tard, Roberto ressort du salon, deux gros sacs poubelle à la main. "Ce sont les cheveux collectés, que nous allons revaloriser", explique l'employé de Recup'Hair, filiale du groupe de recyclage Barrec.
Au passage, la société récupère aussi les flaconnages en plastique, capsules de café et autres déchets recyclables. Roberto poursuit sa tournée. "Chaque mois, uniquement à Lausanne et dans sa région, nous collectons près de 200 kilos de cheveux", explique-t-il.
8 litres d'huile
Une précieuse matière ultra-absorbante, qu'il serait dommage de jeter. "1 kilo de cheveux peut absorber jusqu'à 8 litres d'huile", souligne Gregory Guenbour, directeur des succursales "Papirec" pour le canton de Vaud.
![Des cheveux peuvent être utilisés pour retenir les déchets lors des orages [Matteroftrust - NC]](https://img.rts.ch/info/suisse/2021/image/ht6o5g-27708012.image?mw=640 "Des cheveux peuvent être utilisés pour retenir les déchets lors des orages [Matteroftrust - NC]")
Recup'hair a donc eu l'idée d'en faire des tapis absorbants. "C'est l’ONG Matter of Trust qui développe des projets environnementaux et qui encourage le partage de solutions qui nous a donné l'idée des tapis", précise Gregory Guenbour, "l'avantage c'est qu'on peut s'en servir partout, dans les garages, les déchetteries ou pour aider les pompiers lors de certaines interventions, on peut aussi le rouler et le glisser dans les canalisations, ça vous fait un filtre naturel."
Des tapis 100% naturel
Pour l'instant, le processus de fabrication est encore artisanal. Les cheveux sont acheminés, stockés durant plusieurs semaines dans des sacs poubelles par mesure d'hygiène.
Ils sont ensuite triés par taille, disposés sur un gabarit puis tissés entre eux, sans fil et sans colle. Résultat: un tapis biodégradable de 60X20 cm modulable qu'on peut utiliser partout, aussi bien sous notre voiture en cas de fuite d'huile que lors d'une marée noire.
>> Découvrez le processus de fabrication en vidéo :
"Pour l'instant, nous n'avons pas encore déterminé de prix de vente", explique Gregory Guenbour. "Il faut d'abord affiner le processus et connaître mieux notre cible et les besoins de nos clients potentiels. A terme, nous souhaiterions vendre nos tapis." Les bénéfices réalisés seront intégralement reversés à l'ONG "Matter of trust". Pas question donc de se faire de l'argent sur votre tête!
Katia Bitsch
Publié