Le soutien des centres urbains n'a pas suffi à contrer l'opposition des régions rurales. Au final, environ 1,671 million de Suissesses et Suisses ont glissé un "non" dans l'urne, contre quelque 1,56 million de "oui".
La nouvelle loi enregistre son meilleur score à Bâle-Ville, où elle a été acceptée par 66,6% des votants. Genève l'a plébiscitée à 61,4% et Zurich à 55,4%. Le canton de Vaud l'approuve à 53,2%, les grandes villes faisant la différence, tout comme à Neuchâtel, où le chef-lieu et la Chaux-de-Fonds ont contribué au "oui" de 52,6%.
Non du Valais, de Fribourg et du Jura
A l'inverse, le Valais rejette la loi par 60,9%, le Jura par 58,2% et Fribourg par 55,6% des voix. Au Tessin, le taux de voix négatives se monte à 55,5%. Berne dit "non" à 51,5%. Le Jura bernois s'est ainsi très nettement opposé au projet par 62,7% des voix tandis que la ville de Berne l'a soutenu à 77,5% et celle de Bienne à 63,9%.
Le rejet le plus fort vient de Schwyz avec 65,5%. A Glaris, Obwald, Nidwald, Uri et Appenzell Rhodes-intérieures, l'opposition dépasse aussi les 60%.
Les arguments financiers font pencher la balance
Donnée gagnante par les sondages au départ - avec plus de 60% d'intentions de vote favorables, la loi a perdu des partisans au fil des semaines. Les arguments financiers avancés par les opposants ont fait pencher la balance dans une période de crise marquée par le coronavirus. Le débat émotionnel sur les initiatives anti-pesticides a aussi éclipsé le problème de l'urgence climatique.
Fruit d'un large compromis et d'une longue bataille au Parlement, la loi sur le CO2 disposait pourtant du soutien de tous les partis à l'exception de l'UDC. Elle devait permettre à la Suisse de réduire d'ici à 2030 ses émissions de CO2 de moitié par rapport au niveau de 1990, conformément à l'Accord de Paris sur le climat.
Sans cette révision, il sera désormais difficile pour la Suisse de diminuer efficacement ses émissions de gaz à effet de serre et de parvenir à ses objectifs climatiques. Elle disposera également de moins de moyens financiers pour investir dans les mesures de protection du climat.
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Taxes sur les billets d'avions et les combustibles fossiles
Le texte fixait une série d'incitations financières, d'investissements et de programmes d'innovation. Il introduisait entre autres une taxe sur les billets d'avion de 30 à 120 francs selon le vol, une hausse de la taxe sur les combustibles fossiles et une hausse jusqu'à 12 centimes du prix du litre d'essence.
Les recettes de ces taxes auraient été en partie redistribuées à la population et aux entreprises, et en partie affectées à un fonds pour le climat qui devait être créé. Son objectif était d'encourager les programmes en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique.
Une bataille de chiffres
Le référendum a été lancé par un comité économique défendu principalement par la branche pétrolière et automobile, ainsi que l'USAM, le Centre patronal et GastroSuisse. Pour eux, la loi ne parlait que d'argent et d'interdictions alors que la politique climatique suisse est exemplaire.
Les charges supplémentaires auraient pesé lourdement sur les revenus faibles et moyens. Les habitants des régions rurales et des zones périphériques ou de montagne qui dépendent de leur voiture en payeraient le prix, ont-ils argué.
Pour le Conseil fédéral, au contraire, des changements climatiques non maîtrisés engendreront des coûts nettement supérieurs à ceux des mesures destinées à protéger l'environnement.
Les deux camps se sont aussi lancés dans une guerre des chiffres. D'après les opposants, la loi sur le CO2 aurait coûté 30 à 40 milliards à la collectivité et à l’économie et la charge supplémentaire pour une famille de quatre personnes aurait été d'au moins 1500 francs par an.
Selon l'Office fédéral de l'environnement, la facture annuelle se serait montée à 100 francs pour un ménage moyen, grâce aux redistributions et aux économies.
ats/ther
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