16 avril 2016: élection à la présidence du PLR
Seule candidate pour succéder à l'Argovien Philipp Müller, Petra Gössi est élue à la présidence du PLR le 16 avril 2016. Agée de 40 ans à l'époque, cette juriste de formation, qui siège depuis 2011 au Conseil national, a l'image d'une politicienne discrète et peu expérimentée. Libérale sur les questions économiques et conservatrice sur les thèmes de société, elle se dit toutefois prête à faire des compromis avec tous les partis.
Petra Gössi prend les rênes d'un parti dopé par les réussites électorales. Devant les délégués, la Schwytzoise ne cache d'ailleurs pas ses ambitions: dépasser le Parti socialiste lors des élections fédérales de 2019 et faire ainsi du PLR le deuxième parti de Suisse. Mais avant cela, sa première mission est de se faire connaître, notamment en Suisse romande. Peu à l'aise en français, elle promet de prendre des cours.
12 février 2017: non à la RIEIII
Quinze mois après les élections fédérales de l'automne 2015 marquées par le triomphe de la droite, le peuple suisse rejette massivement la troisième réforme de l'imposition des entreprises (RIEIII), qualifié d'"arnaque fiscale" par la gauche qui a lancé le référendum. La gifle est dure pour le PLR, très engagé dans ce projet. C'est d'ailleurs le premier grand revers pour Petra Gössi en tant que présidente du "parti de l'économie".
Pour nombre d'observateurs de la politique fédérale, la majorité de droite du Parlement, trop confiante à la suite de ses succès récents, est allée trop loin avec cette réforme fiscale et s'est fait remettre à l'ordre par les Suissesses et les Suisses. Certains y voient même les prémices d'un retour de balancier et d'un recentrage du corps électoral.
22 juin 2019: le virage vert du PLR
Quatre mois avant les élections fédérales de 2019, les délégués libéraux-radicaux adoptent un papier de position sur la politique environnementale du parti qui parachève le tournant écologique initié par Petra Gössi. Ce document, élaboré à la suite d'une large consultation interne, constitue un virage à 180 degrés pour le PLR, qui soutient désormais officiellement l'introduction d'une taxe sur les billets d'avion ou encore l'objectif de zéro émission de gaz à effet de serre d'ici à 2050.
A la fin 2018, les élus PLR s'étaient pourtant vivement opposés aux mesures les plus ambitieuses proposées dans le cadre de la révision de la loi sur le CO2. Le parti justifie ce changement de paradigme par la nécessité d'agir en faveur du climat, mais d'aucuns y voient une manoeuvre électorale. Entretemps, les craintes croissantes de la population vis-à-vis du réchauffement ont en effet modifié les intentions de vote, avec une envolée des Verts et une érosion du PLR.
20 octobre 2019: revers aux élections fédérales
Petra Gössi voulait que son parti devienne la deuxième force politique du pays. Au soir du 20 octobre 2019, le pari est raté. Au glissement à droite de 2015 succède la vague verte. Avec 15,11% des voix au niveau fédéral (-1,29 point), le PLR perd tout ce qu'il avait gagné quatre ans plus tôt. Même si le Parti socialiste réalise lui aussi un score historiquement bas (16,84%), il conserve sa place de deuxième parti de Suisse.
Le recul du PLR se traduit également en termes de sièges. Au Conseil national, le parti n'a plus que 29 représentants, soit quatre de moins que lors de la précédente législature. Il perd également un fauteuil au Conseil des Etats (12 contre 13 auparavant). Depuis lors, à quelques exceptions près, le PLR n'a cessé de perdre des plumes dans les cantons, égarant une trentaine de sièges dans les Parlements cantonaux.
14 juin 2021: Petra Gössi annonce sa démission
Au lendemain du rejet par le peuple de la loi sur le CO2 - une loi largement inspirée par les idées du PLR -, Petra Gössi annonce sa démission pour la fin de l'année 2021. Dans une vidéo diffusée sur Twitter, la présidente du PLR affirme vouloir se concentrer davantage sur sa carrière professionnelle. "Ces cinq dernières années, en tant que présidente du parti, je me suis fortement investie sur le plan politique. Je n’avais quasiment plus de temps pour ma carrière", explique-t-elle.
Après cinq ans à la tête du PLR, la conseillère nationale schwytzoise indique aussi vouloir permettre un renouveau de son parti en vue des élections fédérales de 2023. Interrogée dans Forum, Petra Gössi précise que cette annonce n'a rien à voir avec la défaite dans les urnes dimanche. Elle laisse un parti divisé sur la question environnementale, mais aussi sur d'autres thèmes importants comme la relation avec l'Union européenne.
Didier Kottelat