A l'heure où l'Union européenne s'est fixée comme objectif de recycler 55% de ses emballages plastiques d'ici 2030, la Suisse est à la traîne. Ce printemps, le Parlement a transmis au Conseil fédéral une motion PLR qui demande de mettre sur pied, au niveau national, un système de tri des différentes sortes de plastique.
Les acteurs du recyclage et la grande distribution, eux, veulent trouver un accord de branche. Swiss Recycing nous a confirmé qu'un premier concept serait publié fin août.
Pour Coop, qui participe aux discussions, un système national ne présente que des avantages. "Il est important que ce soit partout organisé de la même manière", estime Salome Hofer, responsable développement durable et politique économique chez Coop.
Quel financement?
"Cela permet de clarifier qui fait la collecte, qui paie. Le système de financement recouvre ainsi toute la Suisse et n'est pas organisé canton par canton."
Mais plusieurs points doivent être encore être précisés. Aura-t-on à la maison un sac payant pour tous nos emballages plastique, comme initié par Migros Lucerne le mois dernier? Ou s'agira-t-il d'une contribution intégrée au prix d'achat des produits?
Plusieurs options existent. Et les négociations sont toujours en cours sous l'égide de Swiss Recycling. En Suisse, il faut comprendre qu'aucun privé n'a construit, jusqu'ici, d'usines qui trie et recycle le plastique.
Un manque de tri
La raison est simple: l'immense majorité des consommateurs n'est pas incité à trier les différents plastiques. Il manque donc le volume pour rendre l'investissement rentable. C’est ce qui doit changer avec le système de collecte sur le plan national.
Aujourd'hui, certaines déchetteries ou la grande distribution collectent certains flacons en plastique. Ils sont généralement acheminés ailleurs en Europe, puis lavés, traités et réduits en granulat qui servent notamment à la fabrication de tuyaux de canalisation.
Les sacs de Migros Lucerne, eux, sont envoyés de l'autre côté de la frontière, dans le land autrichien de Voralberg, qui dispose d'une usine capable de séparer les différents types de plastique.
Chimie verte
Reste que le taux du recyclage mécanique pour les matières en plastique mixte n'est souvent pas optimal. Quelle voie l'industrie suisse choisira-t-elle ? L'une des pistes vise à inciter les industriels à faire des emballages formés d'un seul type de plastique (plus facile à trier et à valoriser). A moins qu'à terme, on ne privilégie la chimie verte, qui se développe.
"C'est ce qu'on appelle le recyclage chimique", explique Xavier Prud'homme, directeur de Cand-Landi. "Cela peut être de la pyrolyse ou de la gazéification qui présente l'avantage de pouvoir traiter des mélanges de différents plastiques. Et à partir de là, on peut refabriquer des polymères de plastique", y compris pour l'alimentaire.
La grande distribution est, elle aussi, très intéressée à recourir à plus de matière recyclée dans ses emballages. Elle a pris l'engagement, sous la pression des clients, de réduire son recours aux énergies fossiles. Par exemple, Coop veut optimiser ses packagings pour économiser 20% de plastique dans ses emballages et les articles jetables d’ici à 2026.
Céline Fontannaz