Elles ont adressé des lettres ouvertes à tous les ministres en charge de l'éducation dans les cantons romands. "Il n’est pas admissible de voir une entité échappant à tout contrôle démocratique - comme la Conférence intercantonale de l'instruction publique de la Suisse romande (CIIP) - définir les règles de la langue française", écrivent les sections libérales-radicales romandes. S'étonnant du rôle joué par la CIIP, elles se demandent si celle-ci n'est pas tenue de discuter d’une telle imposition avec les parlements cantonaux.
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Car, selon les sections PLR, cette "simplification" de la langue française décidée unilatéralement est inacceptable tant sur le fond que sur la forme. "Ce projet s’inscrit dans l’air du temps, qui de la réécriture de l’histoire à la suppression des accents circonflexes, entend imposer des comportements et des attitudes qui ignorent le poids et la richesse de la vie, présente et passée, et font l’éloge de la simplicité, au détriment de la complexité et la nuance", affirment les libéraux-radicaux.
Appel aux cantons
Se référant aux "amoureux de la langue française, auteurs en tête, qui se sont à juste titre émus de ce projet", les sections PLR invitent les conseillères et conseillers d'Etat en charge de l'instruction publique de leur canton à confirmer qu'"ils ne promouvront pas plus une orthographe rectifiée que des éléments de langage relevant d’idéologies politiques, et qu’ils n’envisagent pas de simplifier le savoir".
Le 9 juin, la CIIP a présenté son projet d'introduire de nouveaux manuels de français dans les écoles de Suisse romande dès 2023. Elle faisait part en même temps de ses recommandations sur l'orthographe rectifiée, en parallèle avec celles sur l'écriture inclusive.
La CIIP a déjà publié le "petit livre d'OR", un guide à destination des enseignants et des parents sur les nouvelles manières d'écrire au 21e siècle. Ce vadémécum liste les quatorze principes de l'orthographe "rectifiée", qui se base sur les recommandations par le Conseil supérieur de la langue française depuis 1990.
Liberté laissée aux élèves
Les cantons tiennent tout de même à laisser les élèves libres de choisir s'ils veulent adopter ces nouvelles méthodes ou s'ils veulent continuer avec l'écriture "traditionnelle". En revanche, dès 2023, seule l'orthographe "rectifiée" sera enseignée. Le Syndicat des enseignants romands (SER) a lui salué la décision de la CIIP.
ats/jpr