Auparavant, c'était les cantons qui contrôlaient que les vignerons-encaveurs ne fraudent pas, sur les certifications AOC par exemple, ou encore en coupant leur vin avec des variétés étrangères.
Mais depuis la nouvelle ordonnance sur le vin de 2019, la Confédération a repris la main. Résultat, l'Association suisse des vignerons-encaveurs constate une importante hausse de travail administratif, et ce en pleine saison viticole.
Quelque 80 vignerons de l’association ont donc décidé de résister. Tant que cette ordonnance ne sera pas revue à des exigences plus raisonnables, ils garderont porte close à l’arrivée des inspecteurs.
Charge administrative
"On doit fournir l'inventaire détaillé des stocks arrêté à la date du contrôle", explique Alexandre Delétraz, propriétaire encaveur à Fully, qui a refusé mardi l'accès de sa cave à l'inspecteur du contrôle. "Mais je ne peux pas faire un état des stocks le 22 juin, c'est juste impossible. Il aurait fallu qu'on y passe ce week-end jusqu'à hier soir pour être totalement à jour, car nous avons encore eu des livraisons lundi."
Mais outre les exigences administratives jugées trop lourdes, le timing également pose problème. "On ne peut pas parce qu'on est en pleine saison viticole, tout simplement. Et qu'on croule sous la charge. Donc un contrôle oui, mais un contrôle simplifié", plaide le vigneron.
Si les vignerons-encaveurs s’accordent majoritairement à dire que le nouveau système de contrôles est perfectible, tous n'adhèrent pas à la méthode. Pour Yvan Aymon, président de l'interprofession de la vigne et du vin en Valais, la désobéissance n'est pas la bonne solution. "Refuser ces contrôles, c'est ouvrir la porte aux tricheurs. Il faut modifier cette ordonnance, oui. Nous avons la chance de vivre dans un pays démocratique. Il faut agir au travers des instances représentatives de la branche, les interprofessions et l'Office fédéral, pour trouver une solution solide et durable."
"Crédibilité de la profession"
De son côté l'OFAG conteste une augmentation de la charge administrative pour les vignerons-encaveurs. Par mail, l'Office précise qu'une comptabilité simplifiée qui présenterait des risques de fraude n'a jamais été autorisée: "Ce sont des contrôles sérieux contribuant à la crédibilité de la profession et à la confiance des consommateurs, il n'y a pas lieu de changer les obligations des entreprises assujetties."
Pas question donc d'assouplir les conditions de ces contrôles pour l'instant. Du côté des vignerons, les procédures juridiques sont en cours dans plusieurs cantons.
Ainhoa Ibarrola/kkub