"Les assouplissements en Israël ont été trop précoces et trop élargis pour une couverture vaccinale de 60%", relève l'épidémiologiste Andreas Cerny dans une interview avec la SonntagsZeitung. En ce qui concerne la Suisse, il aurait souhaité une ouverture plus lente que celle décidée récemment par le Conseil fédéral et entrée en vigueur samedi.
>> Lire aussi : La Suisse entame ce samedi la dernière grande étape de son déconfinement
Israël a renforcé vendredi ses mesures sanitaires. L'obligation de porter un masque est de nouveau en vigueur à l'intérieur; elle avait été presque entièrement levée au milieu du mois. Lundi, pour la première fois depuis avril, Israël a enregistré plus de 100 nouveaux cas en une journée.
Quatrième vague "inévitable"
Les assouplissements, l'été avec les vacances et autres événements, ainsi que la propagation du variant delta constituent "un mélange explosif", s'inquiète Andreas Cerny. Davantage de cas et une quatrième vague sont ainsi programmés, selon lui.
Si l'on laisse le nombre de cas augmenter sans contrôle à l'automne, même avec un taux de vaccination de 70%, les hôpitaux et les unités de soins intensifs risquent d'être à nouveau surchargés
Les discussions qui ont eu lieu à l'été et à l'automne 2020 sur le renforcement des mesures sanitaires et de nouvelles fermetures reviendront. Si le nombre de cas augmente à nouveau, des mesures ciblées devront être prises, assure-t-il.
Si l'on laisse le nombre de cas augmenter sans contrôle à l'automne, même avec un taux de vaccination de 70%, les hôpitaux et les unités de soins intensifs risquent d'être à nouveau surchargés, avertit-il. Et d'ajouter qu'une façon de limiter les risques est d'avoir des événements dont l'entrée n'est possible qu'avec le certificat Covid.
Laurent Kaiser, médecin chef du service des maladies infectieuses aux HUG, n'est pas si alarmiste. Pour lui, la Suisse devra effectivement faire face à une hausse des cas durant l'été, notamment en raison du variant delta.
"Ce nouveau variant est un opportuniste: si vous ouvrez un peu, il va automatiquement se propager, en particulier chez les gens non-vaccinés", explique-t-il ainsi dimanche sur le plateau du 19h30.
Le médecin note toutefois que "par bonheur, les gens vaccinés sont protégés du nouveau variant, tout comme les gens qui ont déjà été infectés". Dès lors, il ne devrait normalement pas y avoir d'afflux dans les hôpitaux à l'automne, ce qui constitue pour lui l'enjeu central de la gestion sanitaire de la pandémie.
Variant delta dominant d'ici quatre à six semaines
A cause du variant delta qui pourrait devenir dominant d'ici quatre à six semaines, selon Urs Karrer, vice-président de la task force scientifique fédérale, la Confédération et les cantons se seraient fixés comme objectifs que 80% de la population soit vaccinée contre le Covid-19, selon plusieurs sources bien informées citées par la NZZ am Sonntag.
Rapporté à l'ensemble de la population, cela représente 6,9 millions de personnes vaccinées. Auparavant, on tablait sur la vaccination de 5,2 à 5,7 millions de personnes.
L'Office fédéral de la santé publique cible désormais différents groupes, dont les jeunes femmes. Les cantons prennent également des mesures pour que le plus grand nombre possible de personnes soient vaccinées. La vaccination est ainsi désormais ouverte aux mineurs entre 12 et 18 ans.
>> Relire : Le vaccin de Pfizer/BioNTech est autorisé pour les jeunes de 12 à 15 ans
Interrogée à Forum sur les enjeux éthiques de cette stratégie, la vice-présidente de la task-force Covid-19 Samia Hürst estime qu'une grande partie des jeunes de cette tranche d'âge est en mesure de "comprendre les enjeux de ce geste médical". La médecin précise qu"il faut "évidemment que les adolescents soient d'accord: la vaccination n'est pas obligatoire, c'est un choix libre aussi pour les adolescents". Dès lors, pour que les jeunes puissent comprendre et faire leur propre choix, "il faut leur expliquer, discuter avec eux et répondre à leurs questions".
ats/fgn