Les "crédits énergétiques" pour réduire les émissions de CO2 séduisent plusieurs parlementaires
Selon l'hebdomadaire alémanique SonntagsZeitung, des élus roses-verts et du camp bourgeois seraient séduits par ce concept.
L'idée n'est qu'à ses balbutiements, mais il s'agirait d'inciter les propriétaires d'anciens immeubles ou de bâtiments à entreprendre des rénovations énergétiques, en les encourageant par exemple à abandonner le chauffage au mazout ou à renforcer l'isolation.
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Large alliance politique
L'achat d'une voiture électrique pourrait être un autre domaine d'incitation possible. Contacté par la RTS, le conseiller national Pierre-André Page (UDC/FR) évoque aussi l'encouragement pour l'achat de camions à moteur hydrogène.
Sa collègue Ursula Schneider Schüttel (FR/PS) imagine même des crédits à l'industrie pour qu'elle change sa manière de produire. L'objectif est donc d'inciter avec des aides financières plutôt que de punir avec des taxes.
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Ce modèle incitatif semble séduire à gauche comme à droite. La conseillère fédérale en charge de ce dossier Simonetta Sommaruga semble, elle aussi, favorable.
Désaccord sur le financement
Mais cette union se fissure dès qu'il s'agit d'évoquer le financement de tels crédits. Certains estiment que c'est la Confédération qui devrait payer ou, en tout cas, cautionner de tels prêts. D'autres jugent qu'il revient aux banques et aux assurances de les proposer. Le compromis sur le financement est donc encore loin.
Des incitations seules permettraient-elles à la Suisse d'atteindre ses objectifs climatiques? Dans le camp rose-vert, on estime qu'il faudra aussi instaurer certaines taxes pour respecter les engagements climatiques fixés par l'Accord de Paris sur le climat.
En revanche, le camp bourgeois - fort du non à la loi sur le CO2 - espère avoir définitivement enterrer toute velléité de taxer les énergies fossiles ou les vols en avion.
"Une part du financement existe"
Interrogé dimanche dans Forum, le directeur du Centre patronal Christophe Reymond - qui s'opposait à la loi sur le CO2 - salue le fait que "toutes les propositions soient mises sur la table": "Il va falloir trier, affiner et voir ce qui est faisable politiquement et économiquement."
Et d'ajouter: "Nous serons partisans de toutes les mesures qui seront incitatives et pas punitives. La difficulté sera de voir comment cela se concrétisera. (...) Une part du financement existe. Il y a un fonds 'bâtiment'. Le dispositif existant n'était pas contesté, même par les référendaires de la loi sur le CO2."
Marc Menichini/vajo