Après les refus des initiatives anti-pesticides, comment réconcilier ville et campagne?
Au Parlement, plusieurs élus souhaitent améliorer le dialogue et la compréhension mutuelle entre urbains et ruraux. En effet, de part et d'autre, les stéréotypes ne manquent pas et ils ont tendance à envenimer le débat.
Invitation à la ferme
Ainsi, pour favoriser la cohésion, le président du Conseil national Andreas Aebi (UDC/BE) organise des journées spéciales pour des classes primaires. Un jour, des enfants de la campagne visitent une ville et un autre, des écoliers de la ville partent pour découvrir les campagnes. Lundi, une classe de citadins est ainsi invitée dans une ferme d'Oberhüningen (BE).
Le politicien explique au micro de La Matinale que "des jeunes ne sortent plus de la ville et d'autres ne connaissent pas bien la ville. Si la connaissance de l'autre était meilleure, la situation serait déjà différente. C'est cette opportunité que je veux donner aux jeunes avec ce projet".
Des moyens plus politiques
D'autres imaginent des moyens plus politiques pour dialoguer et mettre à profit les différences de point de vue. C'est le cas du Vert zurichois Balthasar Glättli, qui propose des assemblées citoyennes, tirées au sort et représentatives de toute la société.
L'écologiste prend exemple de la France voisine : "à Paris, Emmanuel Macron a formé une assemblée pour discuter du changement climatique. On a alors vu émerger des propositions beaucoup plus audacieuses que celles des parlementaires ordinaires".
Mais pour Balthazar Glättli comme pour Andreas Aebi, la première étape passe par un contact direct avec l'autre pour chercher à comprendre ses préoccupations. Tous deux plaident pour la curiosité et le respect des opinions contradictoires: un enjeu permanent de la démocratie.
"Touver un moyen pour discuter des points qui fâchent"
Interrogé dans La Matinale, Jérémie Forney, anthropologue à l'Université de Neuchâtel et spécialiste du monde agricole, a relevé "le ton très agressif de la campagne. Des gens de part et d'autre se sont sentis agressés. L'insistance sur l'empoisonnement du côté des initiants a été très mal vécue par un monde agricole qui considère travailler pour le bien commun et pas pour l'empoisonnement collectif. De l'autre côté, on a eu parfois un refus en bloc du message qui est de dire 'on a des problèmes avec le système agricole actuel, il faudrait trouver des solutions'".
"Alors que l'agriculture est devenue une activité extrêmement complexe à saisir, une part importante de la population s'y intéresse de plus en plus", a encore expliqué l'anthropologue.
Pour tenter de dépasser ce clivage, "il va falloir s'y confronter ensemble. Comment trouver un moyen pour discuter des points qui fâchent est la question à laquelle il faut travailler à présent", a conclu le chercheur.
Marielle Savoy/aes