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Les voitures électriques doivent faire plus de bruit pour être... entendues

Une borne de recharge électrique. [KEYSTONE - Martial Trezzini]
L’ajout d'un bruit artificiel rendu obligatoire pour les véhicules électriques / Le 12h30 / 2 min. / le 30 juin 2021
Les voiture électriques, hybrides ou à hydrogène devront faire plus de bruit à l'avenir, pour des raisons de sécurité. Dès le 1er juillet tous ces véhicules neufs devront être équipés d'un boîtier spécial.

L'objectif c'est que ces voitures soient entendues des piétons et des cyclistes lorsqu'elles roulent à moins de 20 km/h. Le petit appareil dont seront munis les véhicules à quatre roues s'appelle AVAS, pour Acoustic Vehicle Alerting System.

Il s'agit d'un haut-parleur placé sous la carrosserie, qui émet un bruit lorsqu'on roule à moins de 20 km/h. Son but est de prévenir les accidents. Avec l'AVAS, on entendra la voiture électrique, hybride ou à hydrogène quand elle circule en zone résidentielle, et donc très lentement.

La Suisse reprend une ordonnance de l'Union européenne, selon les accords bilatéraux. Mais cette ordonnance prévoit qu'un bruit artificiel est aussi admis lors de vitesses supérieures à 20 km/h. Autrement dit, avec l'AVAS, votre véhicule pourra en réalité faire autant de bruit qu'une voiture thermique.

La Confédération veut faire marche arrière

Cette mesure paraît paradoxale à l'heure où le bruit issu du trafic routier est considéré comme une nuisance. L'Office fédéral des routes (OFROU) s'est d'ailleurs positionné contre cette nouveauté. Il juge inutile ces décibels supplémentaires au-delà de 20 km/h, car il y a les bruits des pneus et du frottement de l'air qui sont suffisants. Il discute maintenant avec l'Union européenne pour tenter un rétropédalage au niveau international, car la probabilité d'obtenir une exception suisse est quasi nulle.

"L'OFROU s'engage à convaincre ces instances de peut-être revenir en arrière. Théoriquement, on pourrait aussi même régler la chose pour la Suisse, mais le marché automobile suisse est vraiment très petit pour élaborer une règle spécifique uniquement pour notre pays. C'est pour cela que nous essayons de régler ces choses au niveau international", a expliqué Guido Bielmann, porte-parole de l'office, dans le 12h30.

Soutien d'auto-suisse

Et la démarche est soutenue par auto-suisse, la faîtière des importateurs: "Je trouve cette démarche assez intelligente", réagit François Launaz, président de l'organisation. "Si, pour protéger les piétons qui ne voient pas bien, il faut que les voitures électriques fassent aussi du bruit à basse vitesse, il est en revanche absolument inutile de faire du bruit dès qu'on dépasse les 20 km/h. Le bruit est une pollution contre laquelle on lutte et il ne faut pas péjorer les voitures électriques qui ont comme qualité d'être silencieuses."

Le silence est une qualité lorsqu'il s'agit de trafic. D'ailleurs, la Suisse a accentué sa lutte contre le bruit issu du trafic routier, à la faveur d'un front toujours plus large. Outre auto-suisse, il comprend aussi la Confédération, qui investit 3 milliards de francs par année pour assainir les nuisances sonores dues à la route, ainsi que les politiques. Le Parlement a adopté à une large majorité ce printemps une motion qui vise à sanctionner le bruit excessif des moteurs au plan national.

En Suisse, une personne sur sept est exposée durant la journée au bruit issu du trafic routier et une personne sur huit durant la nuit. Les coûts externes de la santé imputables au bruit du trafic sont estimés à environ 2,6 milliards de francs par an.

Céline Fontannaz/jpr

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