Les contrats ont été signés avec IBM, Oracle et Alibaba pour leurs prix et leurs rabais intéressants, selon simap.ch, la plateforme électronique pour les marchés publics. Ces informations sont parues dans Le Temps mardi.
Microsoft a été sélectionné en raison de son centre de données déjà établi en Suisse, tandis qu'Amazon a été retenu car son offre a obtenu "un nombre élevé de points" par rapport aux critères fixés. Huit prestataires s'étaient portés candidats.
La question de savoir si et comment l'administration utilisera à l'avenir des services cloud n'a pas encore été tranchée, a indiqué la Chancellerie fédérale. Elle est toutefois tenue de protéger les données et de garantir la confidentialité.
Alibaba, un choix surprenant
Le choix de la Confédération est une décision potentiellement explosive, tant les entreprises chinoises sont pointées du doigt pour leur proximité avec Pékin. Tout privé qu'il soit, Alibaba reste un géant soumis au Parti communiste qui entretient des liens étroits avec ces entreprises.
Depuis 2017, une loi chinoise oblige tout citoyen ou entreprise à coopérer sans limites et en toute discrétion sur demande des services de renseignements nationaux. Les détails exacts du contrat et la nature des données qui seront stockées sur les serveurs d'Alibaba restent cependant inconnus.
Les tarifs très attractifs proposés par le géant du e-commerce explique le choix helvétique. Cette compétitivité est due aux subventions massives de Pékin pour les plateformes technologiques, dont le développement et l'extension à l'internationale font partie des stratégies centrales du gouvernement chinois.
Le Parti central cherche à étendre la portée des fournisseurs de cloud chinois au-delà des frontières nationales en concluant des accord en Asie du Sud-Est, en Afrique et en Europe. Ces "nouvelles routes de la soie digitales" ont notamment pour objectif de pouvoir établir les normes industrielles internationales liées au stockage de données.
Asymétrie de pouvoir
Le choix d'Alibaba par la Confédération "interpelle" Solange Ghernaouti, professeure à l'Université de Lausanne en cybersécurité et cyberdéfense. Elle souligne en particulier l'absence d'acteurs européens dans la sélection de Berne.
Interrogée dans Forum, l'experte estime que des questions de souveraineté et d'autonomie numérique se posent. "Que l'on mette nos oeufs dans les paniers américains ou chinois, cela reste des paniers étrangers sur lesquels nous n'avons aucune maîtrise, aucune visibilité ", estime-t-elle.
Solange Ghernaouti souligne aussi l'asymétrie de pouvoir que ces relations engendrent entre les fournisseurs de services et les utilisateurs, y compris la Confédération.
"Les fournisseurs peuvent changer les règles du jeu de l'accès aux données comme ils le souhaitent. Là, on est pieds et poings liés. Ces données sont maîtrisées par des acteurs étrangers", explique-t-elle.
jfe avec ats
Sujet radio: Michael Peuker