Le gouvernement russe a recensé jeudi 672 décès dus au Covid-19 lors des dernières 24 heures, un nouveau pic depuis le début de l'épidémie qui connaît une flambée en Russie avec l'essor du contagieux variant Delta.
Il s'agit d'un record pour le troisième jour consécutif. En outre, la pays a enregistré 21'042 nouvelles contaminations. La capitale Moscou, principal foyer de l'épidémie en Russie, et Saint-Pétersbourg ont enregistré respectivement 108 et 115 nouveaux morts.
Face à l'afflux de supporters, des restrictions sanitaires ont été imposées, notamment une limitation de 50% de la capacité d'accueil du stade et l'obligation pour les supporters de porter des masques. Les restaurants doivent rester fermés entre 2h et 6h et le nombre de personnes pouvant assister à des événements publics est limité.
Sur place, certains médecins ont toutefois émis des inquiétudes sur la tenue d'un nouveau match à Saint-Pétersbourg. "En tant que médecin, je suis bien sûr opposé à l'organisation de tout événement de masse", a déclaré l'un d'eux à l'agence Reuters. "Bien sûr, nous nous attendons à une augmentation du nombre de patients après l'organisation de tels événements", a-t-il ajouté
La Russie pas placée sur la liste des pays à risque
Malgré tout, les autorités russes et les instances du football ont maintenu la tenue de la rencontre très attendue entre l'Espagne et la Suisse vendredi devant des milliers de supporters, notamment étrangers. Le risque d'être exposé au Covid durant ce match est donc élevé, car dans un stade les circonstances sont très favorables à la propagation: la proximité, les chants, l'euphorie.
Cette flambée épidémique en Russie ne privera toutefois pas les supporters suisses de se rendre sur place pour soutenir leur équipe. La Confédération a en effet renoncé à mettre la Russie sur la liste des pays à risque, malgré le cas des quelque 300 supporters finlandais testés positifs à leur retour de Saint-Pétersbourg en début d'Euro.
Seule une quarantaine serait efficace
Le Conseil fédéral part du constat que le variant Delta sera de toute façon, à terme, dominant en Suisse aussi. En revanche, il déconseille aux supporters qui ne sont pas immunisés de faire le voyage à Saint-Pétersbourg. Il existe en effet un risque non-négligeable d'être exposé au Covid en se rendant en Russie, d'être infecté et de transmettre le virus à son entourage au retour en Suisse.
"Le variant Delta est en train d'exploser là-bas. Si on n'est pas vacciné, je recommande de ne pas y aller. Si on est vacciné on peut y aller, mais il y a un certain risque, il faut faire attention", a ainsi déclaré le ministre de la Santé Alain Berset dans le 12h45.
Pour Didier Trono, virologue à l’EPFL et membre de la task force de la Confédération, seule une quarantaine pourrait éviter des contaminations au retour au pays: "Quelqu'un qui s'infecterait au cours du match et rentrerait le lendemain matin ne serait pas positif par test PCR à son arrivée en Suisse, dans la mesure où il faut quelques jours au virus pour se multiplier à des niveaux qui soient suffisants pour être détectés", a observé le spécialiste dans La Matinale.
Viola Amherd fera le déplacement
Cette vigilance de rigueur n'empêchera pas la ministre des Sports d'aller soutenir l'équipe de Suisse vendredi à Saint-Petersbourg. Viola Amherd, qui a précisé avoir déjà reçu les deux doses du vaccin, estime être en sécurité. "Nous allons appliquer les mesures de distance et porter des masques FFP2. Nous respecterons les gestes barrières lors de nos déplacements à Saint-Pétersbourg", a fait savoir la conseillère fédérale.
Quatre jours après l'exploit réalisé contre la France, l'équipe de Vladimir Petkovic affronte l'Espagne vendredi à 18h pour espérer décrocher une place en demi-finale de l'Euro.
Frédéric Boillat avec les agences
Un "non-sens" total pour Antoine Flahault
"Si on veut ensemencer l'Europe de ce variant Delta, on ne s'y prendrait pas autrement", tonne l'épidémiologiste Antoine Flahault qui plaide pour une délocalisation des matches prévus au stade Krestovski de Saint-Pétersbourg et au mythique stade de Wembley.
"C'est un non-sens total d'envoyer des supporters dans des endroits à très haut risque, alors qu'il n'aurait pas été très compliqué d'envisager de déplacer ces matches qui ont lieu dans des villes de pays à risque vers des villes de pays à moindre risque", explique-t-il.
"Aujourd'hui, Bucarest, Budapest et Copenhague ne sont pas du tout des endroits à risque", souligne le Pr Flahault, directeur de l'Institut de santé globale à l'université de Genève.
L'épidémiologiste ne sera vraisemblablement pas entendu: l'UEFA a indiqué via un porte-parole que "les matches de l'Euro restant à disputer auront lieu comme prévu selon le programme initial".
Les craintes de l'OMS
L'Organisation mondiale de la santé a déclaré jeudi que le brassage des foules dans les villes hôtes de l'Euro 2020, les voyages et l'assouplissement des restrictions sanitaires ont fait augmenter de 10% le nombre de nouveaux cas en Europe.
Interrogé sur le risque que l'Euro ait joué ou joue le rôle de "supercontaminant", le directeur de l'OMS Europe Hans Kluge est resté vague: "J'espère que non, mais je ne peux pas l'exclure".
L'UEFA a pour sa part indiqué qu'elle s'alignait pleinement sur les directives des autorités sanitaires locales sur chaque site et qu'elle suivait strictement ces mesures.