L'exploit signé lundi face à la France en huitièmes de finale de l'Euro (victoire aux tirs au but) aurait donné un nouveau visage à notre pays.
"On a vu une Suisse décomplexée, qui en voulait. On ne plie pas, on ne respecte pas le plus grand. La Suisse a besoin d'être une gagnante. Cette image relativement nouvelle nous fait du bien. C'est une grande puissance de ce monde et parfois on n'arrive pas à l'affirmer assez fort", estime Nicolas Bideau, directeur de Présence Suisse.
Quart de finale
Vendredi après-midi, les hommes de Vladimir Petkovic affrontent l'Espagne à Saint-Pétersbourg pour un quart de finale historique.
"Le foot est un média global, ça peut changer l'image d'un pays. Le meilleur exemple dans le cadre de l'Euro, c'est la victoire du Danemark en 1992. Si la Suisse bat l'Espagne, on est dans une histoire similaire. C'est une nouvelle carte à notre image qu'on peut écrire", assure le haut fonctionnaire.
"Pas seulement dans les seize mètres"
Depuis un mois, la Suisse vit une séquence assez exceptionnelle: l'abandon de l'accord-cadre avec l'Union européenne, le sommet Biden-Poutine à Genève, la victoire en football et enfin le choix d'un avion de combat américain. Notre pays change-t-il de ton et de taille?
"On sent une Suisse qui n'est plus dans ses petits souliers. Qui sur le plan politique et sportif s'affirme. Et je ne pense pas que cela puisse se retourner contre nous. Le 'made in Switzerland' est fort. On a besoin de la Suisse à l'étranger. On peut se permettre une certaine démonstration de puissance. Pas seulement dans les seize mètres, mais aussi dans nos relations internationales", image Nicolas Bideau.
Propos recueillis par Frédéric Mamaïs
Adaptation web: Guillaume Martinez
Pourquoi sommes-nous heureux après une victoire sportive?
Des scènes de liesse se sont produites dans toute la Suisse lundi soir après l'exploit contre la France. Qu'est-ce qui rend un peuple si heureux après une victoire sportive?
L'émission Tout un monde a posé la question à un historien du sport, spécialiste de la mondialisation sportive et des effets du sport dans la société contemporaine.
"Un match de football est une aventure aux multiples rebondissements. On est saisi par cette tension, le match est souvent incertain, il y a des remontées improbables, des coups de théâtre. C'est mieux qu'une série télévisée", explique Nicolas Bancel, professeur à l'Université de Lausanne.
Moment de communion
Selon lui, les émotions sont donc très fortes. "Il y a aussi d'autres facteurs, comme l'identification. L'important c'est qu'on va vivre avec son équipe. Si on perd, c'est la tristesse qui l'emporte, le regret. On refait le match. Si on gagne, il y a une exultation, on décharge toute cette adrénaline. Plus un match est prenant, plus il y a du suspense, plus on explose", indique Nicolas Bancel.
La victoire est aussi un moment de communion. "C'est quelque chose de rassurant de penser que nous avons une identité collective. Ce sont ces moments, peut-être d'illusion, qui rassurent. Soudain, cette notion de communauté a un sens. Alors qu'il y a de nombreuses divisions dans notre monde moderne. Pendant un moment, tout cela disparaît, on va communier dans une espèce de bulle d'amour collectif. Ce sont des moments fugaces, la réalité rattrape bientôt ce qui vient de se passer", rappelle Nicolas Bancel.