Le Conseil fédéral se pose en pionnier de la lutte contre le réchauffement. La Suisse s'est ainsi engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de moitié d'ici 2030. Mais elle a de la peine à y arriver dans la pratique, comme l'a montré en juin dernier le refus du peuple de réviser la loi sur le CO2.
Compenser les émissions suisses
Le gouvernement prévoit donc de compenser une partie des émissions suisses par des projets de protection du climat dans d'autres pays. Et pour y parvenir, il négocie des accords bilatéraux. Après un accord conclu l'an dernier avec le Pérou, Simonetta Sommaruga se rendra en deuxième partie de semaine au Ghana pour mettre en oeuvre un deuxième accord. Elle en signera également un troisième mardi au Sénégal.
Il s'agit avant tout de permettre aux importateurs suisses de carburants de compenser leurs émissions, en investissant par exemple au Ghana dans des cuisinières plus économes ou des installations solaires pour l'éclairage.
Mécanismes critiqués par les ONG
Mais ces mécanismes de compensation des émissions de carbone font débat en Suisse. Ils sont vus d'un oeil critique par les ONG de l'alliance climatique, pour qui ces investissements devraient se faire en plus des efforts faits en Suisse, et non pas à leur place.
Le système pose par ailleurs des défis. Il faut notamment en contrôler les résultats et s'assurer qu'on ne compte pas à double les baisses d'émissions.
Montrer la voie au reste du monde
Pour Simonetta Sommaruga, ce voyage est l'occasion de montrer que le système fonctionne et que la Suisse va de l'avant, malgré l'échec de la dernière votation.
Il s'agit aussi de montrer la voie au reste du monde: premier pays à signer de tels accords bilatéraux, la Suisse veut montrer qu'une compensation respectueuse de la nature et des droits humains est possible.
Car depuis 2015, les Conférences des Nations unies sur les changements climatiques (COP) successives ont échoué à établir des règles internationales pour la compensation, ce qui met en danger tout l'édifice de l'Accord de Paris sur le climat.
Etienne Kocher/oang