Ce déséquilibre concernant les places de crèche persiste aussi dans la plupart des pays d'Europe, malgré le développement des structures d'accueil.
Les raisons de cette inégalité sont diverses. Les parents issus de classes défavorisées ont moins d'intérêt à recourir aux crèches, car ils sont moins présents sur le marché du travail, ou plus susceptibles d'avoir des horaires irréguliers.
Toutefois, lorsqu'ils veulent une place en crèche, ces parents sont pénalisés par les difficultés administratives: il faut souvent de la persévérance et surtout une grande capacité d'argumentation pour obtenir une place.
Par ailleurs, les structures d'accueil suisse ont également un coût élevé, même si la place est payée proportionnellement à son salaire, cela représente souvent une charge trop lourde pour les petits revenus, ce qui est particulièrement problématique: "Les enfants des classes défavorisées qui, justement, seraient peu présents dans les structures d'accueil, sont pourtant ceux qui bénéficieraient le plus de ces structures d'accueil", explique Nicole Baur, conseillère communale à Neuchâtel et membre de la commission fédérale pour les questions familiales.
"Si on pense par exemple aux enfants de familles migrantes, s'ils vont fréquenter ces structures avant l'école, ils bénéficient énormément de cet enseignement de la langue", ajoute-t-elle.
Plus de places, plus abordables
Afin de rendre le système d'accueil plus égalitaire, la commission évoque la possibilité de créer un système plus précis pour attribuer les places en crèche, en fonction de critères très objectifs. Elle recommande surtout d'augmenter fortement le nombre de places d'accueil et, bien évidemment, de les rendre plus abordables, en particulier pour les familles à bas revenus.
Mais la concrétisation politique ne sera pas évidente, reconnaît Nicole Baur: "Ce sont essentiellement les communes qui investissent dans les structures d'accueil. Et puis si on pense au retour fiscal – ce qui revient à la collectivité publique parce que les parents travaillent davantage – ce sont surtout les cantons qui en bénéficient".
Pour cette élue, les cantons et la Confédération devraient donc mettre davantage la main au porte-monnaie pour financer les structures d'accueil. Selon Nicole Baur, une meilleure intégration des enfants les plus défavorisés et une amélioration de la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle serait profitable à l'ensemble de la société.
Marielle Savoy/sjaq