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Procédure de déchéance de nationalité lancée contre un Genevois emprisonné au Maroc

L'un des djihadistes suisses incarcérés au Maroc risque la déchéance de nationalité.
L'un des djihadistes suisses incarcérés au Maroc risque la déchéance de nationalité. / 19h30 / 1 min. / le 7 juillet 2021
La Suisse veut retirer sa nationalité à un Genevois binational emprisonné au Maroc pour des liens avec le groupe terroriste Etat islamique, a appris mercredi la RTS. Il espérait rentrer en Suisse pour purger le reste de sa peine. Son avocate a annoncé qu'elle allait contester la procédure.

Nicolas P. est l'un des deux Genevois interpellés au Maroc et condamnés après les meurtres sauvages de plusieurs touristes scandinaves en 2018 dans le Haut Atlas. Selon une information obtenue par la RTS mercredi soir, il est désormais visé par une procédure de retrait de la nationalité suisse.

Cet informaticien de 35 ans, qui possède les nationalités suisse et britannique, avait été condamné en appel à cinq ans de prison à Rabat pour ses liens avec le groupe Etat islamique (EI). Condamné dans un premier temps à 10 ans de prison, il avait vu sa peine réduite de moitié.

>> Lire : Suisse condamné au Maroc après le meurtre de campeuses scandinaves

Il a déjà passé trois ans en prison au Maroc et souhaitait rentrer en Suisse pour y purger le reste de sa condamnation. Mais sa demande de transfert a été refusée en avril dernier par la justice helvétique.

Procédure arbitraire au Maroc

Nicolas P. a toujours assuré qu'il n'avait aucun lien avec le commando islamiste à l'origine des meurtres des jeunes femmes en 2018, et qu'il n'avait pas l'intention de commettre des attentats en Suisse. Mais le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) estime, dans le justificatif de la procédure de retrait de la nationalité, qu'il avait été informé que des membres influents de l'EI avaient "l'intention de revenir en Suisse pour y commettre des attentats".

Dans une réaction filmée envoyée à la RTS, son avocate estime pour sa part que son client a subi "une procédure inéquitable et arbitraire au Maroc", et que le refus d'un transfert vers la Suisse est basé sur "un rapport qui est faux". Elle a d'ores et déjà annoncé qu'elle allait contester la procédure en cours d'ici la fin du mois d'août.

En Suisse, la femme de l'intéressé se dit quant à elle "très choquée" et dénonce une procédure "très violente". "Je ne comprends pas comment il pourrait mériter ça, sachant qu'il crie son innocence depuis le début", dit-elle, précisant que Nicolas P. pourrait envisager, en réaction à cette décision, d'entamer une grève de la faim au Maroc.

Six procédures ouvertes

Contacté, le SEM dit ne pas être en mesure de se prononcer sur les cas individuels, pour des raisons relevant du secret de fonction ainsi que de la protection des données et de la personnalité.

À ce jour, le SEM a ouvert au total six procédures de retrait de la nationalité. Deux d'entre elles ont été appliquées, trois autres sont en cours, et une procédure a été classée, précise-t-il.

L'administration fédérale précise en outre que lorsqu'une ressortissante ou un ressortissant suisse disposant d'une autre nationalité est condamné pour terrorisme, "le SEM examine systématiquement la possibilité d'ouvrir une procédure de retrait de la nationalité suisse".

Annabelle Durand/jop

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Meurtres sordides et large enquête

Le 17 décembre 2018, les corps sans vie de deux touristes scandinaves, une étudiante danoise de 24 ans et une Norvégienne de 28 ans, avaient été retrouvés sur un site isolé du Haut-Atlas, massif montagneux au Sud du Maroc, dans un secteur prisé des amateurs de marche. Les victimes avaient été décapitées. L'affaire a suscité une vive émotion dans leurs pays d'origine et au Maroc.

Au total, plus d'une vingtaine de personnes ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête, dont un autre Suisse, possédant également la nationalité espagnole, condamné lui à vingt ans de prison.

>> Lire également : Arrestation au Maroc d'un 2e Suisse soupçonné de s'être radicalisé