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Bien que divisée sur le vaccin, la Suisse retrouve le moral, selon un sondage SSR sur le Covid

Seuls 3% des non-vaccinés se déclarent prêts à recevoir le vaccin, selon un sondage de la SSR
Seuls 3% des non-vaccinés se déclarent prêts à recevoir le vaccin, selon un sondage de la SSR / Forum / 7 min. / le 9 juillet 2021
Si le peuple suisse semble davantage optimiste qu'au printemps, il est également de plus en plus divisé sur des questions sensibles, notamment la vaccination, selon un nouveau sondage SSR publié vendredi, qui relève la crainte d'une polarisation toujours plus grande de la société.

Un moral qui remonte, une confiance retrouvée envers les autorités et l'avenir, mais un clivage important sur le vaccin et une baisse du sentiment de solidarité: tels sont les principaux enseignements du huitième sondage sur la crise, réalisé par Sotomo pour le compte de la SSR (lire méthode en encadré).

Un vaccin très clivant

Depuis la dernière enquête en mars, la campagne de vaccination a nettement avancé. Au total, 60% des personnes sondées ont désormais déjà reçu au moins une dose. Corollaire de cette situation, il ne reste désormais que 2% d'Helvètes qui se disent prêts à être vaccinés dès que possible, tandis que 12% préfèrent attendre et 25,5% sont convaincus de ne pas vouloir recevoir d'injection.

Si l'on ne note pas de différence significative dans les régions linguistiques, ni entre hommes et femmes, il y a un net clivage dans d'autres catégories. Ainsi, à la campagne, la proportion de refus du vaccin s'élève à près de 30%, contre seulement 16% dans les grandes villes. Sans surprise, la différence est aussi marquée dans les tranches d'âge, puisque moins de 10% des 65 ans et plus vont refuser la piqûre, contre près de 30% pour les 15-24 ans, et même 31% chez les 35-44 ans.

De même, plus de la moitié des sympathisantes et sympathisants de l'UDC rejettent l'injection, alors que ce taux descend à 14,5% chez les Verts, 11,5% au Centre, 11% au PLR, 7,5% pour les Vert'libéraux et même 7% au PS, qui affiche d'ailleurs le plus haut pourcentage de vaccinés avec 81,5%.

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La crainte de l'ARNm avant tout

Pour expliquer leur refus, les personnes interrogées avancent en premier lieu (72%) le fait que les vaccins à ARNm (ceux de Pfizer/Biontech et Moderna) n'ont pas été suffisamment testés. Viennent ensuite la peur des effets secondaires (47%), l'opposition fondamentale à la vaccination (31%), le peu d'intérêt personnel (31%) et la volonté de laisser d'abord la place aux personnes à risque (17%).

Concernant la vaccination obligatoire pour le personnel soignant, là aussi les avis sont partagés, puisque près de 45,8% des personnes sondées y sont favorables ou plutôt favorables et 49,6% opposées ou plutôt opposées.

A noter également que la mise en place du certificat Covid obtient 61% de soutien, contre 35% d'opposition et 4% d'avis neutre. Parmi les arguments les plus souvent avancés contre ce sésame figure l'impression d'une obligation de vaccination déguisée.

Polarisation de la société

Au-delà de la question clivante du vaccin et du certificat, le sondage révèle la crainte que cette pandémie entraîne une polarisation toujours plus grande de la société. C'est en tout cas la quatrième conséquence (59%) la plus souvent citée par les personnes sondées, derrière l'augmentation du télétravail (78%), l'essor de la numérisation et de l'innovation (64%) et la baisse des voyages d'affaires (60%).

L'avenir économique semble lui plus optimiste qu'auparavant. Ainsi, le nombre de personnes craignant de perdre leur emploi est passé de 22% au plus fort de la crise à 14% maintenant. De même, alors que 37% des sondées et sondés avaient peur des pertes financières en juin 2020, ils ne sont désormais que 23%. A l'inverse, 24% des personnes interrogées mettent en avant le risque de conflit dans la sphère privée, contre 10% au début de la crise, ce qui montre une détérioration des relations.

Moins de solidarité, davantage d'égoïsme...

Lors de la première vague au printemps 2020, une majorité de la population disait d'ailleurs avoir partagé des interactions interpersonnelles conviviales et solidaires. Mais dès le début de la deuxième vague à l'automne dernier, ce sentiment a évolué vers davantage de méfiance, d'égoïsme et d'agressivité. Selon l'institut de sondage, une crise suscite des énergies positives à court terme, mais plus elle dure, plus elle épuise les ressources et augmente le potentiel de conflit.

Ainsi, à l'été 2021, les répondants perçoivent moins de solidarité (33% contre 61% au début de la crise) et plus d'égoïsme (38% contre 26% en avril 2020). Le désintérêt (18% contre 10%) et la méfiance (35% contre 24%) ont également augmenté.

... mais le moral remonte et la confiance revient

Ces sentiments plutôt négatifs n'empêchent toutefois pas les personnes sondées d'afficher un meilleur moral qu'au mois de mars, où il était au plus bas depuis le début de la crise. S'il n'atteint pas encore le niveau d'avant la pandémie, il repasse toutefois au-dessus de la moyenne de la dernière année, surtout dans la catégorie des 65 ans et plus qui se sentent visiblement mieux que les jeunes de 15-34 ans.

Ce moral retrouvé s'illustre aussi dans la confiance envers le Conseil fédéral, qui remonte gentiment. Si les actions du gouvernement avaient obtenu une large adhésion lors de la première vague, avec un pic à 67% en avril 2020, la situation s'était péjorée avec l'arrivée de la deuxième vague pour atteindre un plus bas à 32,5% en janvier de cette année. Désormais, plus de 54% des personnes interrogées affichent une grande ou très grande confiance envers le Conseil fédéral.

Victorien Kissling

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Méthode

L'enquête a été réalisée du 1er au 5 juillet 2021 par le centre de recherche Sotomo pour le compte de la SSR. Un total de 23'337 questionnaires remplis par des personnes de plus de 15 ans venant de toute la Suisse ont été évalués à cette fin. La plage d'erreur est de +/- 1,3 point de pourcentage.