En visite à Accra, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a signé un document mercredi avec les autorités ghanéennes.
Les deux parties estiment que les déchets électroniques ne doivent être exportés que vers des pays qui ont donné leur accord préalable à la transaction. La Suisse et le Ghana veulent collaborer sur le plan politique pour l'introduction, au niveau mondial, de cette nouvelle réglementation.
Mais il faudrait pour cela compléter une annexe à la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements de déchets dangereux, qui réglemente et définit les déchets dont l'importation doit être approuvée au préalable par les Etats concernés (lire encadré).
Les deux faces de la problématique
Sur place au Ghana, la délégation suisse n'a pas pu visiter la décharge d'Agbogbloshie, où les ferrailleurs brûlent des câbles pour récupérer les métaux. Selon les autorités locales, c'était impossible pour des questions de sécurité.
L'ambassade suisse a proposé à Simonetta Sommaruga de visiter ce que la Suisse cherche précisément à promouvoir: l'une des rares entreprises qui dispose d'un permis environnemental, baptisée Electro Recycling Ghana.
Seule infrastructure dans le pays
"Nous collectons des déchets électroniques, des produits en fin de vie ici et nous en faisons de nouveaux produits. Ce que nous ne pouvons pas utiliser, nous le détruisons ou l'envoyons vers l'Allemagne, Singapour ou la Chine pour qu'ils le recyclent. En Afrique de l'Ouest, tout ce qui se fait dans ce domaine est informel, nous sommes les seuls au Ghana qui avons une vraie infrastructure", a détaillé le directeur de la firme Daniel Awuley Nartey jeudi dans le 12h30 de la RTS.
Pollution, précarité et recyclage informel valent pourtant aux autorités locales les critiques régulières des ONG. Mais le gouvernement promet d'améliorer la situation, tout en renvoyant la balle sur les responsabilités des autres continents, qui inondent l'Afrique de produits d'occasion.
Nécessité de contrôler tous les déchets
"Les pays en développement sont devenus des décharges pour les déchets de l'Europe et d'autres pays développés comme les Etats-Unis. Nous devons rendre obligatoire le contrôle de tous ces déchets, c'est ce que la Suisse et le Ghana proposent", souligne le docteur Sam Adu-Kumi, directeur du Centre de contrôle et de gestion des produits chimiques de l'Agence de protection de l'environnement au Ghana.
Cette proposition devrait être discutée lors de la prochaine réunion de la Convention de Bâle.
ther/oang avec Etienne Kocher et l'ats
Une convention en vigueur depuis 1992
La Convention de Bâle a été créée à l'origine pour garantir que les déchets dangereux des pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ne puissent être exportés sans le consentement des pays en développement.
L'idée était que les Etats qui produisent des substances dangereuses devraient également être responsables de leur élimination.
Aujourd'hui, la Convention de Bâle va toutefois plus loin et réglemente essentiellement les exportations de déchets qui nécessitent une autorisation.
Rédigée à l'initiative de la Suisse et de la Hongrie et signé à Bâle en 1989, le texte est entré en vigueur en 1992.
A ce jour, plus de 180 Etats ont adhéré au traité. Les Etats-Unis, qui exportent 80% de leurs déchets électroniques, n'en sont toujours pas membres.
Visite d'un centre pour enfants des rues
Lors de son séjour au Ghana, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a également visité l'un des centres de l'ONG Chance for Children, fondée par une Suissesse.
Une cinquantaine d'enfants des rues y sont accueillis pour la journée. La plupart d'entre eux vivent de petits boulots, notamment dans la collecte de déchets.
Qu'ils soient nés dans la rue ou venus des campagnes du nord du pays, leur nombre augmente, a expliqué le directeur de l'ONG Daniel Awuley Nartey à la RTS.
"Il y a aujourd'hui environ 100'000 enfants dans la rue à Accra. Ils viennent et ils collectent des déchets qu'ils vendent pour se faire de l'argent et pour pouvoir survivre", a-t-il souligné.