Lorsque les armes résonnent, les riverains grimacent. Chaque jour ou presque, du matin au soir, les tirs d’entraînement de l’armée ou de la police viennent troubler la tranquillité de certains quartiers résidentiels. En Suisse, des milliers de riverains et riveraines subissent ce type de nuisances sonores.
Dans un rapport de 2009, la Commission fédérale pour la lutte contre le bruit (CFLB) estimait que 20'000 personnes étaient exposées à des nuisances sonores supérieures aux valeurs limites à proximité des places de tir. Un chiffre contesté par le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), qui affirme que seules 1300 personnes seraient directement touchées en Suisse.
Invivable selon les riverains
A Saint-Maurice (VS), les riverains de la place de tir de Vérolliez n'en peuvent plus. Chaque année, environ 340’000 coups de feu sont tirés sous leurs fenêtres par l’armée, mais également par les polices cantonales valaisannes, vaudoises et genevoises. "On s’était habitués, on a fait des efforts. Mais actuellement, toutes les normes sont dépassées", dénonce dans le 19h30 Pierre-André Anthamatten, riverain depuis 40 ans.
Les habitants qualifient la situation d'"invivable" et ont adressé une pétition forte de 450 signatures à l’armée. Parmi leurs revendications, la réduction de la fréquence d’utilisation de la zone ainsi que la mise en place de mesures de lutte contre le bruit.
Valeurs limites trop souvent dépassées
Le Département fédéral de la défense le confirme, l’utilisation de la place de Vérolliez a augmenté et les règles n’y sont pas toujours respectées: "Avec les activités de tirs, les valeurs limites selon l'ordonnance sur la protection contre le bruit sont dépassées. De ce fait, le DDPS est en train d'élaborer un programme d'assainissement afin de respecter les normes légales", explique sa porte-parole Delphine Allemand.
Ce programme d’assainissement concerne l’ensemble des 140 places fédérales de tir utilisées par l'armée en Suisse. Par ailleurs, le DDPS estime que les valeurs limites d’exposition au bruit sont dépassées sur au moins un tiers de ses installations. Les études se poursuivent pour identifier l'ensemble des sites problématiques et élaborer les stratégies d’assainissement.
L'armée promet d’assainir l’ensemble de ses installations d’ici juillet 2025. En attendant, de nombreux riverains continueront à subir les nuisances. Tous sont affirmatifs, ils ne manqueront pas de vérifier si la "Grande Muette" tient parole.
Romain Boisset