Publié

Les pollutions aux dioxines devraient être mieux surveillées en Suisse romande

La surveillance des pollutions à la dioxine varie d'un canton à l'autre, révèle une enquête de la RTS
La surveillance des pollutions à la dioxine varie d'un canton à l'autre, révèle une enquête de la RTS / 19h30 / 2 min. / le 8 juillet 2021
Le risque de contamination aux dioxines est très peu surveillé en Suisse romande, rapporte une enquête de la RTS jeudi. Certains cantons n'ont jamais fait d'analyses des sols à proximité des usines d'incinération, qui sont pourtant les zones à risques pour ce type de pollution.

Lors du lancement d'un projet immobilier à Lausanne, une pollution aux dioxines - molécules organiques issues du processus de combustion dont certaines peuvent être très persistantes et toxiques - avait été détectée par hasard dans un champ en mai dernier. Une campagne de détection a ensuite été réalisée dans 49 lieux autour de l'ancien incinérateur, dont 40% dépassaient les normes en vigueur.

>> Lire : De la pollution aux dioxines découverte dans les sols de Lausanne

Cette pollution est vieille de plusieurs décennies. En cause, l'ancienne usine d'incinération du Vallon, démantelée entre 2005 et 2009 après un peu moins d'un demi-siècle d'activité.

Le problème des dioxines est connu de longue date. Dès la fin des années 1970, on s'inquiétait déjà des émissions des incinérateurs. Mais il aura fallu attendre vingt ans pour résoudre le problème, avec l'installation dans les cheminées de filtres de lavage des fumées par humidité.

Surveillance accrue dans le Haut-Valais

À la suite de cette découverte, la RTS a cherché à savoir s'il y avait d'autres lieux pollués comme à Lausanne ailleurs en Suisse romande. Au total, il y reste neuf incinérateurs en activité, tandis que plusieurs autres ont été démantelés depuis les années 1990.

Il reste neuf incinérateurs en activité (pastilles colorées), et plusieurs autres démantelés (pastilles grises) en Suisse romande.
Il reste neuf incinérateurs en activité (pastilles colorées), et plusieurs autres démantelés (pastilles grises) en Suisse romande.

Dans les cantons de Genève, de Fribourg et du Valais, les autorités ont recherché des dioxines autour de leurs incinérateurs. Dans le Haut-Valais, elles ont été détectées entre Viège et Gamsen. Leurs concentrations n'avaient rien d’alarmant, mais une surveillance a été mise en place.

"Il n'y a pas d'interdiction de construire", explique Yves Degoumois, chef de la section des sites pollués en Valais. "En revanche il y a une obligation de faire des analyses de sol avant tout projet de construction, de sorte que les matériaux terreux excavés puissent être gérés correctement", détaille-t-il.

Neuchâtel promet des études

Dans les cantons de Vaud, Berne et Neuchâtel en revanche, aucune information n'est disponible. Car si les pollutions à la dioxine sont rares, le cas lausannois a surpris les services de l'environnement des cantons romands. Certains affirment désormais qu'ils vont ajouter ce type de molécules à la liste des polluants à rechercher en ville.

"Notre première priorité c'est de surveiller les chantiers, tous les sites pollués connus et sur lesquels il y a des travaux", explique notamment le chef du service Energie et environnement de Neuchâtel Yves Lehmann. "Mais le cas détecté au Vallon va nous inciter probablement à changer les paramètres des futures études", annonce-t-il.

Dans ce canton, le cas de La Chaux-de-Fonds pourrait par exemple s'avérer préoccupant. Un incinérateur de déchets y a été construit en pleine ville en 1972, et aucune analyse des sols n'a depuis été menée. Contactées par la RTS, les autorités cantonales ont toutefois annoncé que des prélèvements seraient effectués en milieu urbain.

Faibles concentrations

De son côté, l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) précise qu'il n'a pas émis de recommandations particulières sur cette problématique. Il ajoute que "le nombre de cas identifiés de pollution des sols par dioxine jusqu'à présent est faible".

En outre, si les dioxines peuvent bel et bien causer des baisses de fertilité ou encore des cancers, les concentrations détectées jusqu'à présent dans les sols sont généralement faibles, et il faudrait donc ingérer de grandes quantités de terre contaminée pour qu'il y ait un impact sur la santé.

Les principaux risques concernent ainsi les bébés ou les jeunes enfants qui joueraient régulièrement dans un parc dont les sols seraient contaminés.

>> Les précisions dans le 19h30:

Sujet TV: Julien Chiffelle

Texte web: Pierrik Jordan

Publié