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Un niveau de précipitations inédit depuis 70 ans en ce début d'été

Des pluies diluviennes sont enregistrées partout en Suisse.
Des pluies diluviennes sont enregistrées partout en Suisse.
Après les importantes précipitations de ces derniers jours, la RTS a analysé les données de neuf stations météorologiques de Suisse. En 70 ans, elles n'avaient jamais enregistré autant de pluie entre le 21 juin et le 13 juillet.

Depuis le début de la saison estivale, Genève a reçu plus de pluie que le cumul des cinq années précédentes pour la même période. Le constat est similaire pour Neuchâtel ou Château d'Oex (VD).

Un tel niveau de précipitation n'avait jamais été atteint pour l'ensemble des stations prises en compte.

Philippe Jeanneret, spécialiste météo à la RTS, met toutefois en garde face à une analyse prématurée: "Nous ne sommes qu'au milieu de l'été météorologique, il faudra attendre le 31 août pour parler de records."

Il confirme toutefois que l'ampleur des averses de ces trois dernières semaines est spectaculaire, voire inédite. "A Pully (VD), il est tombé en trois jours l'équivalent de ce qui tombe durant tout un mois de juillet normal."

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Une rare dispersion géographique

Chaque ville a déjà connu des débuts d'été particulièrement arrosés. À Sion, ce fut l'année 2007. À Genève en 1997, à Lucerne en 1993. La particularité de cette année 2021, c'est l'étendue du phénomène. Toutes les stations montrent un pic des moyennes quotidiennes de précipitations.

Cette dispersion géographique explique sans doute pourquoi dans de nombreuses régions de Suisse, les lacs et cours d'eau menacent de sortir de leur lit. Pour Philippe Jeanneret, la situation sur ce front est également particulière: "Je suis attentif aux événements depuis une trentaine d'années, je n'ai pas souvenir d'avoir vu le lac Léman ou le Rhône à un tel niveau".

Vers le sec

Selon le spécialiste, l'avenir proche pourrait, toutefois, être un peu plus radieux. "L'anticyclone des Açores est resté en retrait pendant plusieurs semaines. Mais il devrait montrer des velléités de retour dès la fin de la semaine, ce qui va obliger les perturbations à circuler plus au nord." Il existe donc de bonnes probabilités que le temps soit plutôt sec la semaine prochaine.

Sur le long terme, le scénario de cette année pourrait illustrer des tendances lourdes pour l'avenir. "Cela peut paraître paradoxal mais il n'est pas exclu que l'été en cours soit malgré tout plus chaud que la moyenne. Nous aurons la réponse le 31 août", souligne Philippe Jeanneret.

>> Ecouter aussi les explication dans le 19h30 de Martin Beniston, climatologue et professeur honoraire à l'Université de Genève, sur le danger de crue :

Le climatologue et professeur honoraire à l'Université de Genève Martin Beniston revient sur le danger de crue
Le climatologue et professeur honoraire à l'Université de Genève Martin Beniston revient sur le danger de crue / 19h30 / 1 min. / le 14 juillet 2021

Tybalt Félix

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Le phénomène de la "goutte froide"

Cette météo pourrie en plein été n'a rien d'inhabituel, rassure Dean Gill, de MétéoSuisse. Tous les quatre ans environ, la Suisse connaît un été un peu plus morose que ceux des autres années et ce, malgré le réchauffement climatique. "Il ne faut pas confondre climat et météo", rappelle le spécialiste. Ces épisodes de froids sporadiques ne permettent pas de tirer des conclusions sur l'évolution climatique.

Les faibles températures et les violentes précipitations qui s'abattent sur la Suisse sont dues à un phénomène météorologique appelé "goutte froide". Il désigne une poche d'air froid qui est abandonnée par la calotte du pôle Nord.

Cette masse est ensuite "étranglée" et "attaquée" de part et d'autre par un air plus chaud. Elle se met alors à tourner sur elle-même jusqu'à former une dépression, donnant lieu à des orages et de fortes pluies.

La Suisse s'apprête à connaître des jours meilleurs. Cette poche d'air se déplace très doucement en direction des Balkans et devrait laisser place à des températures plus estivales dès samedi. Mais rien n'est moins sûr pour les semaines à venir. "Il ne serait pas étonnant qu'un nouvel épisode de froid ressurgisse", avoue Dean Gill. (ats)