Faut-il permettre aux villes d'interdire les véhicules qui dépassent certains seuils de gaz d'échappement, et si oui, le faut-il en tout temps, ou alors juste pendant les pics de pollution? L'Office fédéral des routes (OFROU) se pose ces questions et a demandé à l'Union des villes suisses de consulter ses membres.
"Pour nous, c'est une idée enthousiasmante. Comme nous souhaitons interdire les véhicules thermiques d'ici 2030, c'est la disposition légale qui nous permettrait de mettre en musique cette mesure pour améliorer la qualité de vie en ville", a jugé la municipale socialiste en charge de la mobilité à Lausanne Florence Germond dans La Matinale de la RTS mercredi.
Une idée décriée par les milieux routiers
Sans surprise, le son de cloche est bien différent du côté des milieux routiers. Pour le TCS, il s'agit là d'une "énième tentative de chasser les voitures des villes" et de tracasseries pour les conducteurs, qui resteraient sans effet sur l'air.
Quant à l'Association suisse des transports routiers (ASTAG), elle émet des craintes pour certains véhicules comme les camions-citernes ou les camions hydrocureurs qui nettoient les canalisations, dont un remplacement rapide serait difficile.
"Le transport routier remplit une mission au service de la population, pour assurer d'une part son approvisionnement et d'autre part l'enlèvement des déchets et autres", explique Pascal Fragnière, responsable Suisse romande de l'association. "Le fait d'émettre des restrictions qui s'appliqueraient aux transports routiers pourrait rendre plus difficile l'approvisionnement de nos villes et de nos cantons", ajoute-t-il.
La Confédération pourrait avoir le dernier mot
Pour ces raisons, l'ASTAG et le TCS ont attaqué en justice l'an dernier le projet "StickAir" du canton de Genève, qui ne reposait sur aucune loi fédérale. La justice avait alors invalidé certains aspects du dispositif mais reconnu le droit d'agir du Canton dans ce domaine.
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C'est donc l'administration fédérale qui pourrait avoir le dernier mot et légiférer pour harmoniser les projets locaux. Mais elle ne s'y attellera que si elle peut compter sur un large soutien des villes. La réponse devrait être connue d'ici la fin de l'été.
Etienne Kocher/ther