Une analyse récemment menée dans le canton de Vaud démontre l'efficacité concrète de la vaccination contre le Covid. Les chiffres auxquels la RTS a eu accès révèlent pour la première fois - et ce grâce à des données en provenance du terrain - l'écart massif du risque d'infection entre les personnes entièrement vaccinées et le reste de la population.
Une incidence 80 fois plus élevée chez les non-vaccinés
Ainsi, durant les deux dernières semaines de juillet, 1030 nouveaux cas de Covid ont été enregistrés dans le canton. Mais parmi ceux-ci, seuls 9 étaient des personnes entièrement vaccinées (ayant reçu deux doses depuis 14 jours). Les 1021 autres n'étaient pas - ou pas entièrement - vaccinées.
Cette comparaison est d'autant plus parlante que la part de personnes entièrement vaccinées atteint presque la moitié de la population (44%), c'est-à-dire que l'on retrouve actuellement dans le canton un nombre similaire de personnes vaccinées que de non-vaccinées.
L'incidence détectée sur cette période est limitée à seulement 2,6 cas pour 100'000 habitants chez les vaccinés. Elle passe abruptement à 216 chez les non-vaccinés. Soit 80 fois plus.
Le bilan des infections depuis la fin janvier est du même ordre de grandeur: sur les 23'839 cas déclarés, seuls 243 provenaient de personnes entièrement vaccinées.
Ces résultats sont issus du travail du docteur Olivier Duperrex, médecin cadre à Unisanté chargé par le Médecin cantonal vaudois d'analyser les données disponibles. Et pour lui, pas de doutes possibles en l'état: "Ce vaccin marche très bien! On obtient même de meilleurs résultats que des études contrôlées évoquant environ 95% d'efficacité".
Olivier Duperrex souligne l'importance de l'ordre de grandeur, qui selon lui laisse peu de place à l'hésitation. "Avec un risque 80 fois plus élevé d'attraper le virus sans vaccin, le choix de la vaccination devrait être vite fait."
Une analyse impossible à mener pour l'OFSP
Cette analyse vaudoise représente une première en Suisse. Elle est d'autant plus importante qu'elle ne peut pas être menée au niveau national. En effet, l'OFSP ne détient pas de bases de données lui permettant de réaliser ces calculs.
D'une part, il n'existe pas de fichier centralisé et fédéral des personnes vaccinées. D'autre part, il n'est pas possible de se fier aux données remontant des tests de laboratoires, où le statut vaccinal n'est pas systématiquement inscrit ou vérifié.
Le chiffre de 300 infections de personnes vaccinées depuis le début de l'année annoncé récemment par l'OFSP - basé uniquement sur les déclarations cliniques - est ainsi largement sous-évalué. En extrapolant l'incidence vaudoise, le bilan pour toute la Suisse devrait plutôt s'approcher des 1800 cas, soit 6 fois plus. Ce bilan revu à la hausse ne relève pas de problème d'efficacité du vaccin, mais souligne plutôt les limites des données détenues par l'OFSP.
La méthode vaudoise a été récemment présentée à l'OFSP et à tous les médecins cantonaux, qui pourraient à leur tour vérifier l'efficacité vaccinale avec leurs données locales. Au moins deux cantons auraient déjà montré un intérêt concret et pourraient eux aussi mettre en place cette surveillance, qui permet de s'assurer que le vaccin maintient son niveau d'efficacité dans le temps ou face à de nouveaux variants.
Marc Renfer
Moins d'incitations aux tests pour les vaccinés
Ces chiffres et les résultats peuvent être influencés par le fait que les personnes vaccinées ont actuellement moins d'incitations à aller se faire tester.
La population non-vaccinée doit ainsi présenter un test négatif pour obtenir un certificat covid, ce qui n'est pas le cas pour les vaccinés. Et certains pays n'exigent pas de tests pour les voyageurs vaccinés.
La proportion de personnes non-vaccinées parmi les testés pourrait être plus importante, et donc amplifier les résultats.