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Les pro-climat manifestent à Berne contre les investissements de la BNS

Il faut traiter ensemble les crises du climat et de la biodiversité, selon les experts de l'ONU. [Depositphotos - InkDropCreative]
Berne: les grévistes du climat se mobilisent devant la Banque nationale / Le 12h30 / 1 min. / le 6 août 2021
Plus d'un millier de militants et militantes pour le climat se sont rassemblés vendredi à Berne pour dénoncer la politique de la Banque nationale suisse (BNS). Elle est accusée par les activistes d'investir dans les énergies fossiles.

Ce rassemblement était le point d'orgue d'une semaine de mobilisation pour le climat (voir encadré). Après les grandes banques suisses lundi, c'est au tour de la BNS d'avoir été placée sous le feu des projecteurs des activistes. Les quelques 1500 activistes sur place exigent l'arrêt des investissements de la banque dans le charbon, le gaz et le pétrole, ainsi que davantage de transparence dans les flux financiers.

Le groupe a organisé dans la matinée une flashmob devant le bâtiment de la BNS et construit une réplique d'un pipeline sur la Place fédérale. Il voulait ainsi dénoncer les investissements que réalise cette institution nationale et les atteintes que ceux-ci portent à l'écosystème et aux droits de l'homme, selon les activistes.

Des activistes manifestent face à la BNS à côté d'une réplique d'un pipeline, le 6 août à Berne. [Keystone - Anthony Anex]
Des activistes manifestent face à la BNS à côté d'une réplique d'un pipeline, le 6 août à Berne. [Keystone - Anthony Anex]

Un cortège pas prévu mais toléré

Après le rassemblement et les discours en vieille ville devant la cathédrale, les militants ont, contrairement à leur projet initial, formé un cortège pour gagner la Schützenmatte, près de la gare. Ce déplacement n'avait pas été autorisé, mais il a été toléré, a précisé le directeur de la sécurité de la ville de Berne Reto Nause.

De nombreux jeunes et des personnes âgées ont participé à la manifestation en brandissant des pancartes avec des slogans comme "Brûlons le capitalisme, pas les forêts" ou "Votre politique climatique est une blague, mais personne ne rit" ou "Assez de frustration climatique".

Des actions pour changer la place financière suisse

Regroupés sous le nom de "Rise up for Change" ("Debout pour le changement"), plusieurs collectifs pour la justice climatique comme la Grève du climat ou Extinction Rebellion dénoncent la place financière suisse, accusée d'investir d'importantes sommes dans l'extraction de combustibles fossiles.

Ces activistes avaient déjà bloqué lundi les entrées des grandes banques Credit Suisse et UBS sur la Paradeplatz et la Banhofstrasse à Zurich avant d'être évacués par la police. Ils avaient également établi un campement sur une friche à Zurich où ils avaient organisé des ateliers et des activités.

>> Lire à ce sujet : Des activistes du climat ont bloqué des locaux d'UBS et Credit Suisse à Zurich

Il y a un peu plus d'une année, plusieurs centaines d'activistes du climat avaient occupé durant deux jours la Place fédérale à Berne avant d'être délogés par la police cantonale bernoise. Leur but était d'inciter les milieux politiques à s'engager en faveur du climat.

>> Ecouter La Matinale revenir vendredi matin sur les préparatifs de la manifestation :

Les collectifs de "Rise up for Change" manifestent sur la Place fédérale à Berne, le vendredi 6 août 2021. [Keystone - Anthony Anex]Keystone - Anthony Anex
Un collectif d'activistes pour le climat veulent mettre la pression sur la Banque nationale suisse / La Matinale / 1 min. / le 6 août 2021

ats/aps

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La BNS pourrait-elle réellement avoir un impact sur le climat ?

Que fait précisément la BNS dans le domaine des énergies fossiles? Pour Eric Jondeau, professeur de finances à l'Université de Lausanne et qui a réalisé une étude, encore inédite, sur le bilan carbone du portefeuille de la BNS, la banque centrale ne fait "pas grand-chose pour le moment" en matière de protection du climat.

Le spécialiste de finance durable a commencé par rappeler vendredi dans l'émission Forum de la RTS que le montant du portefeuille de la BNS est de 270 milliards de francs, soit "une grosse masse à gérer". Or, actuellement, son mandat ne porte pas sur les émissions de carbone, mais sur la gestion de portefeuilles. "Il y a un mandat qui est très précis. La BNS ne peut pas, par exemple, investir dans des entreprises qui ont un comportement 'limite'", explique-t-il. "Mais il n'y a absolument rien sur les émissions de carbone. Donc actuellement, elle ne fait que suivre son mandat."

Les centrales à charbon posent particulièrement problème

Fin 2020, la banque centrale a toutefois annoncé qu'elle n'investirait plus dans des mines de charbon. Mais pour Eric Jondeau, ce n'est pas déterminant. "Les entreprises qui polluent le plus, ce ne sont pas les mines de charbon. Quand on regarde le portefeuille de la BNS, ce qui pose particulièrement problème, ça peut être les entreprises qui génèrent de l'électricité à partir du charbon", explique-t-il.

Mais est-il réaliste de croire que la BNS peut facilement sortir de son portefeuille ses actifs polluants? La réponse est oui, pour Eric Jondeau. "Notre étude montre qu'elle pourrait réduire son impact carbone de manière considérable, à un coût très limité", avance-t-il.

>> L'interview complète d'Eric Jondeau dans Forum :

Les pro-climat manifestent à Berne contre les investissements de la BNS: interview d’Eric Jondeau
Les pro-climat manifestent à Berne contre les investissements de la BNS: interview d’Eric Jondeau / Forum / 6 min. / le 6 août 2021

Une semaine complète de "camp climatique"

Différentes actions de lutte pour le climat ont rythmé la semaine à l’occasion d’un camp climatique organisé à Zurich, autour notamment des investissements de la finance helvétique, et du recours à la désobéissance civile dans le militantisme.

"On sait que la finance suisse contribue à l’émission d'environ 20 fois plus de gaz à effet de serre que les émissions directes sur le territoire suisse", a expliqué Guillaume, porte-parole du groupe "Rise up for Change", dans le 19h30 de la RTS vendredi. "On entend toujours que la Suisse, c'est 'peanuts' dans le problème mondial, qu’elle est toute petite. Mais ce n'est pas vrai!"

"Pourquoi est-ce légal de détruire l'environnement, ce que font les banques, mais illégal de se poser devant une banque pour dénoncer ça ?", questionne une participante.

Le rassemblement a pris fin vendredi milieu d’après-midi, mais pas leur combat. Les militantes et les militants veulent continuer à concentrer leurs actions sur la place financière dans les mois à venir. Car "tant que l'on agit pas sur ce secteur, ça ne sert à rien d'opposer les citoyens entre eux, comme le faisait la Loi CO2 par exemple", estime un autre participant.

>> Le reportage du 19h30 au coeur du camp climatique zurichois :

Activistes pour le climat: semaine de mobilisation et des actions à Zurich et à Berne
Activistes pour le climat: semaine de mobilisation et des actions à Zurich et à Berne / 19h30 / 2 min. / le 6 août 2021

Pour sa part, Aymeric Jung, ancien banquier chez Crédit Suisse et Lehman Brothers ayant quitté la finance traditionnelle il y a plus de dix ans pour gérer un fonds d’investissement à impact positif au sein de l'entreprise de conseil financier Quadia, estime qu'il est "normal d'être lanceur d'alerte", car "quand vous voyez le temps qui se réchauffe, quel que soit votre âge, le temps des négociations politiques semble long".

Toutefois, pour lui, la solution réside dans la finance elle-même. Il estime que celle-ci, ainsi que des initiatives privées telles que la philanthropie, peuvent avoir un réel impact positif.

>> L'interview d'Aymeric Jung dans le 19h30 :

Aymeric Jung "Ce qui est important c’est que chacun à son niveau puisse agir"
Aymeric Jung "Ce qui est important c’est que chacun à son niveau puisse agir" / 19h30 / 3 min. / le 6 août 2021