Le PLR Frédéric Favre refuse la vaccination, une position qui dérange jusque dans son parti
Lorsqu'on est élu, "faites ce que je dis mais pas ce que je fais" peut être dangereux, estime la professeure en communication des pouvoirs publics de l'Université de la Suisse italienne Suzanne Suggs. "La fonction de conseiller d'Etat fait figure de modèle à suivre pour la population. Lancer un message et faire l'inverse est désastreux pour la crédibilité et donne le sentiment au citoyen que l'on se moque de lui", souligne-t-elle.
Or, selon une enquête de la RTS publiée mardi, quatre conseillers d'Etat ne sont pas vaccinés: deux Tessinois, un Thurgovien et un Romand, le PLR Frédéric Favre.
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Elus valaisans partagés
Sa position fait réagir les élus valaisans. "C'est un acte de solidarité que de se faire vacciner, je trouve la position de M. Favre peu défendable", estime Sarah Constantin, la cheffe du groupe socialiste au Grand Conseil valaisan. "Il en va de la crédibilité de la stratégie défendue par le gouvernement valaisan."
En revanche pour Céline Dessimoz, cheffe de groupe des Verts au Grand Conseil valaisan, "ce vaccin doit rester une décision personnelle et non un acte politique. Il n'y a pas d'obligation vaccinale en Suisse, chacun est libre de faire ses choix et les personnes qui se vaccinent doivent le faire pour de bonnes raisons."
Cyril Fauchère, président de l'UDC Valais, reconnaît que lui non plus n'est pas vacciné, une décision personnelle qu'il assume.
"Ne pas stigmatiser la moitié d'un peuple"
De son côté, le principal concerné se justifie ainsi: "Environ 50% de la population est vaccinée. Nous ne devons pas stigmatiser la moitié d'un peuple versus l'autre moitié. Ce débat laisse à penser qu'il y a une option juste et une option fausse. Or ce n'est pas le cas", juge Frédéric Favre.
La polémique est partie du Tessin avec les révélations du journal "La Regione" sur le fait que les deux ministres tessinois de la Lega Norman Gobbi et Claudio Zali n'étaient pas vaccinés.
La presse tessinoise s'est alors interrogée sur la crédibilité de Norman Gobbi qui, chaque jour ou presque, tenait des conférences de presse au plus fort de la pandémie pour encourager la population à adopter les bons réflexes de protection.
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Pour Philippe Nantermod, Frédéric Favre a pris "la mauvaise décision"
Les critiques pleuvent au sein même du PLR, où il est difficile de trouver des soutiens à Frédéric Favre. Ainsi Florian Piasenta, président du PLR valaisan, "trouve normal de montrer l'exemple en tant qu'élu, même si c'est vrai que le PLR prône la liberté individuelle".
Le conseiller national Philippe Nantermod s'est montré lui aussi très critique. "Ce qui me dérange ne concerne pas Frédéric Favre en particulier", a cependant expliqué le vice-président du PLR suisse mercredi dans l'émission Forum.
Un effort qui implique "l'ensemble des élus"
"Je dis depuis des mois, comme mon parti, que nous souffrons énormément de cette pandémie et que nous avons aujourd'hui une solution pour en sortir, c'est la vaccination (…) Je pense que nous devons tous collectivement faire cet effort pour mettre un terme à cette période insupportable du coronavirus. Et cela implique l'ensemble des élus".
Pour Philippe Nantermod, son collègue de parti Frédéric Favre n'a pas fait, à proprement parler, une erreur: "Je ne crois pas que l'on puisse faire une erreur dans un choix personnel", a-t-il souligné.
"Par contre, on peut prendre une mauvaise décision. Et je pense que lorsqu'il dit que les deux choix se valent - se vacciner ou ne pas se vacciner - il se trompe. Se vacciner est la bonne solution. Ne pas se vacciner est un choix libre, mais c'est une mauvaise solution. Et si nous restons avec la moitié de la population non vaccinée, nous ouvrons la porte à une nouvelle vague".