Le Conseil fédéral veut faire payer les tests des personnes sans symptômes dès le 1er octobre
Lors de sa séance de mercredi, le Conseil fédéral a fait le point sur la situation sanitaire en Suisse. Il constate que l’évolution de la situation épidémiologique est incertaine, que la pandémie est dans une dynamique négative et que les retours de vacances, ainsi que le variant Delta, font peser des incertitudes pour les semaines à venir. Une surcharge des structures hospitalières ne peut pas encore être exclue, estime le gouvernement.
"Nous avons passé un été assez serein sur le front de la pandémie, au moins jusqu'ici", a noté le conseiller fédéral en charge de la Santé Alain Berset lors de la conférence de presse. "Ce qu'on peut dire de la situation actuelle, c'est qu'elle reste assez bonne", a-t-il poursuivi. "Mais, comme nous le disions déjà à fin juillet, la dynamique n'est pas très favorable".
>> Le suivi de la conférence de presse : Le Conseil fédéral maintient le statu quo et prévoit la fin des tests gratuits pour les personnes asymptomatiques
L'évolution demeurant incertaine, le Conseil fédéral a décidé de maintenir les mesures restantes, comme par exemple le port du masque à l'intérieur et dans les transports publics ainsi que la présentation du certificat Covid dans les grandes manifestations et les discothèques. Pour Alain Berset, il s'agit de mesures "limitées et acceptées".
Tests de convenance payants
Le Conseil fédéral a également décidé d'adapter sa stratégie de dépistage. Dès le 1er octobre,
il ne veut plus prendre en charge le coût des tests rapides qui servent aux personnes non vaccinées à obtenir un certificat Covid provisoire pour, par exemple, participer aux grandes manifestations ou entrer dans les boîtes de nuit (tests dits de convenance). Une exception est prévue pour les enfants jusqu'à 12 ans et les personnes qui ne peuvent pas se faire vacciner pour des raisons médicales. La mise à disposition gratuite de cinq auto-tests par mois dans les pharmacies serait également supprimée.
Les personnes non vaccinées ou non guéries qui souhaitent participer à un événement où le certificat est obligatoire devront ainsi, dès le 1er octobre, payer elles-mêmes leur test ou se faire vacciner dans l’intervalle.
"En parallèle, nous invitons les cantons à intensifier les tests répétitifs dans les écoles et encourageons ceux qui ont lieu dans les entreprises, de manière à éviter les quarantaines ou les fermetures", a relevé Alain Berset.
Le gouvernement propose encore que les personnes sans symptômes puissent, à leurs frais, désormais participer individuellement à des tests PCR salivaires groupés (pool). Si le test est négatif, la personne recevra un certificat.
La surcharge des hôpitaux, seul critère qui va rester
Actuellement, environ la moitié de la population suisse est entièrement vaccinée. Depuis le 11 juillet, la courbe des primovaccinations (première dose) ne progresse toutefois quasiment plus alors que les cantons affichent suffisamment de capacités. Le Conseil fédéral estime dès lors que toutes les personnes qui souhaitaient se faire vacciner ont pu le faire. Conformément à son modèle des trois phases (protection, stabilisation, normalisation), il a décidé de passer à la phase de normalisation.
"Le seul critère qui va rester maintenant pour les prochains mois est celui d'éviter la surcharge des hôpitaux", a expliqué Alain Berset devant la presse. "Cela veut dire que dans cette phase-là, nous allons prendre en compte le fait que le virus va circuler dans la population et en particulier chez celles et ceux qui n'ont pas d'immunité."
Dans cette phase de normalisation, qui suit celle de la stabilisation, la protection de la population non vaccinée n'est plus la priorité. Cette nouvelle étape est synonyme d'un renforcement de la responsabilité individuelle.
"C'est vraiment le moment de se décider pour la vaccination"
Le Conseil fédéral mise en outre toujours sur la vaccination. Pour Alain Berset, "c'est vraiment le moment de se décider pour la vaccination si on souhaite être bien protégé au début de l'automne". Il n'y a plus besoin d'attendre pour y avoir accès.
La Confédération lancera une nouvelle campagne d'information dès la semaine prochaine à destination des personnes encore non vaccinées. Par ailleurs, il a été décidé de prolonger jusqu'au 30 septembre l'augmentation temporaire fixée jusqu'à fin juin du forfait que reçoivent les cabinets médicaux pour chaque vaccination, qui s'élève à 24,50 francs.
Décisions avalisées le 25 août prochain
Le Conseil fédéral ouvre la consultation auprès des cantons et des commissions parlementaires et prendra sa décision finale le 25 août prochain. Il procédera en outre à une nouvelle évaluation de la situation le 1er septembre, lorsque les conséquences des retours de vacances seront mieux visibles.
ats/iar
Les cantons approuvent la stratégie du gouvernement
La décision du Conseil fédéral de passer à la phase de normalisation sans assouplissement supplémentaire est compréhensible, estime la Conférence des directeurs cantonaux de la santé (CDS). Le passage à la phase de normalisation ne doit toutefois pas conduire à un faux sentiment de sécurité.
La situation épidémiologique reste très volatile, rappelle la CDS mercredi. Si nécessaire, les cantons et la Confédération doivent toujours être en mesure de prendre rapidement des mesures. Pour l’instant, il convient donc de maintenir la situation particulière.
Par rapport au document de réflexion sur le modèle des trois phases de la mi-mai, les différentes phases ont également perdu de leur importance, car un nouvel élément est apparu avec le variant Delta désormais dominant.
Les efforts vont se poursuivre
Les cantons entendent poursuivre leurs efforts afin d’accroître la volonté de se faire vacciner. Il peut s'agir de campagnes d'information adaptées à des groupes cibles spécifiques, d'offres à bas seuil telles que des unités de vaccination mobiles, de vaccinations sans rendez-vous, du libre choix des dates de vaccination ou de vaccinations dans les entreprises.
La proposition de supprimer la distribution gratuite de cinq auto-tests par mois pour les personnes pas encore complètement vaccinées ou guéries est compréhensible aux yeux de la CDS. Leur importance est en recul et les résultats sont moins fiables par rapport aux tests PCR et tests rapides antigéniques.
Concernant la fin de la prise en charge des coûts des tests pour personnes asymptomatiques, la CDS estime que toutes les personnes qui souhaitent encore se faire vacciner doivent pouvoir le faire d'ici la fin de la couverture des coûts. Une période transitoire de plusieurs semaines est donc indispensable.