Anne Lugon-Moulin: "La population africaine est extrêmement résiliente face au coronavirus"
Alors qu'à ce jour, à peine 1,6% de la population du continent africain est vaccinée contre le Covid-19, Anne Lugon-Moulin, ambassadrice de Suisse en Côte d'Ivoire, relève dans La Matinale de vendredi que "la population en Afrique est extrêmement résiliente et que "la philosophie de vie par rapport au risque est différente ici".
"D'un point de vue mondial, il est clair qu'il faudrait que les vaccins soient répartis équitablement pour faire baisser le virus de manière générale sur toute la planète en même temps", explique celle qui représente la Suisse en Côte d'Ivoire, mais aussi au Burkina Faso, en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone.
Une faible demande pour le vaccin
"En Afrique, il n'y a pas une demande populaire extrêmement forte pour le vaccin, ce sont surtout les gouvernements qui poussent à la vaccination", déclare Anne Lugon-Moulin, rappelant qu'"il y a aussi une méfiance par rapport à une maladie qui a démarré en Occident, en tout cas pas sur le continent africain, et qui a été importée".
Et la situation sanitaire dans les pays de l'Afrique de l'Ouest n'est pas si mauvaise. Il est difficile de savoir si les chiffres sont représentatifs, mais les hôpitaux ne sont pas surchargés et il y a très peu de morts, relève encore l'ambassadrice.
En Côte d'Ivoire, la vie a repris quasiment normalement depuis septembre de l'année passée. Ce pays est d'ailleurs le premier à avoir reçu en février une première livraison de vaccin du programme international Covax.
L'expérience d'Ebola
Les pays d'Afrique de l'Ouest touchés en 2013 par une épidémie de virus Ebola ont utilisé leur expérience lors du premier confinement, explique encore Anne Lugon-Moulin. Les gouvernements de ces pays ont quasiment tout bloqué immédiatement, fermant les frontières terrestres, aériennes et maritimes. La première ville du pays Abidjan a ainsi été coupé du reste du pays mais cela a servi à contenir l'arrivée du virus.
Les gouvernements ont réagi très vite et la population a suivi.
Propos recueillis par Agathe Birden/lan