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La Suisse rapatrie de Kaboul son personnel et propose des visas humanitaires à ses employés locaux

Mario Gattiker, directeur du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), entouré de Patricia Danzi (à sa droite), directrice de la DDC, et de Livia Leu (à sa gauche), secrétaire d'Etat du DFAE, lors de la conférence de presse sur la situation en Afghanistan, le 13 août 2021. [Keystone - Alessandro della Valle]
Le bureau helvétique de la Direction du développement et de la coopération quitte l'Afghanistan / Forum / 1 min. / le 13 août 2021
La Suisse rapatrie les trois collaborateurs helvétiques du DFAE toujours à Kaboul, en Afghanistan, pour des raisons de sécurité liées à l'avancée des talibans. Quant aux 40 employés locaux de la DDC et leurs familles, ils reçoivent un visa humanitaire.

Les Suisses concernés travaillent au bureau de coordination de la Direction du développement et de la coopération (DDC) à Kaboul, mis en place depuis 2002. Sur les six en tout, trois autres sont déjà rentrés.

Il n'y a pas d'ambassade suisse en Afghanistan. Vingt-huit personnes s'occupent des affaires courantes afghanes à l'ambassade suisse au Pakistan, a expliqué vendredi devant les médias Livia Leu, la secrétaire d'Etat du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) au moment où plusieurs pays européens comme la Norvège ou le Danemark ont annoncé la fermeture de leur représentation.

La situation en Afghanistan se détériore et le nombre de victimes augmente tous les jours, a-t-elle déclaré. Se montrant préoccupée, elle a appelé au dialogue pour trouver une solution politique, insistant sur la situation humanitaire et la protection des minorités, notamment des femmes.

"La Suisse condamne les violations du droit international commises en Afghanistan", a poursuivi Mme Leu. "Le droit international humanitaire et les droits humains doivent être respectés." Il y a actuellement encore un voyageur helvétique en Afghanistan, a précisé la secrétaire d'Etat.

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Visa humanitaire

Egalement présent à la conférence de presse, Mario Gattiker, le directeur du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), a indiqué qu'une quarantaine d'employés locaux de la DDC et leurs familles recevront un visa humanitaire pour venir en Suisse, s'ils le souhaitent. Travaillant pour la Confédération, ils courent le risque d'être considérés comme des collaborateurs de l'Occident hostile et d'être persécutés, a-t-il poursuivi.

Au total, 200 personnes sont concernées. La décision a été prise par la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter.

Malgré tout, l'engagement suisse en Afghanistan se poursuit, a précisé Patricia Danzi, la directrice de la DDC. Les organisations humanitaires partenaires continuent leur travail sur place. Il va falloir dans les prochains temps apporter un soutien en Afghanistan et dans les pays voisins. La Suisse va maintenant examiner comment elle peut au mieux venir en aide.

Suspension des renvois

Le SEM a déjà décidé mercredi de suspendre jusqu'à nouvel ordre les expulsions de migrants afghans déboutés de l'asile vers leur pays d'origine. Aucun nouveau renvoi ne sera prononcé non plus. Seules des expulsions de personnes ayant commis des infractions pénales graves seraient maintenues. Une exception sur laquelle est revenue Mario Gattiker vendredi.

Le gouvernement de Kaboul avait en juillet appelé les pays européens, dont la Suisse, à cesser, pendant les trois prochains mois, d'expulser des migrants afghans. La Suède et la Finlande ont suspendu les renvois en Afghanistan à la suite de cet appel. L'Allemagne et les Pays-Bas ont pris la même décision mercredi.

ats/nr

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L'OSAR et Amnesty saluent, mais demandent plus

Contactées par Keystone-ATS, l'organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR) et la section suisse d'Amnesty International saluent la décision du SEM. Mais tous deux demandent à la Confédération d'aller plus loin.

L'OSAR souhaite que les migrants afghans déboutés se voient accorder une admission temporaire puisqu'"il n'est pas prévisible que la situation s'améliore suffisamment rapidement". En outre, les cas de ceux qui soumettent des demandes de réexamen devraient être examinés au plus près. Enfin, des visas humanitaires devraient être plus facilement octroyés aux membres de la famille d'Afghans bénéficiant de l'asile ou d'une admission temporaire en Suisse.

Quant à Amnesty International, elle considère que tout retour en Afghanistan constitue actuellement une violation du principe de non-refoulement du droit international. Elle demande aussi que le statut des personnes concernées soit légalisé, afin qu'elles puissent exercer pleinement leurs droits pendant leur séjour en Suisse. Elle souhaite encore la création de places de réinstallation pour ces réfugiés dans des pays voisins, comme le Pakistan et l'Iran.