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"J'ai choisi d'être égoïste", "je suis en bonne santé": trois femmes anti-vaccin témoignent

Suisse: des vaccino-sceptiques témoignent
Suisse: des vaccino-sceptiques témoignent / 19h30 / 2 min. / le 15 août 2021
Après des mois de campagne de vaccination, trouver de nouvelles personnes volontaires pour le sérum devient moins aisé. Alors qu'un peu plus de la moitié de la population (55,39%) a reçu une première dose, les personnes sceptiques sont toujours nombreuses. Mais ce choix n'est pas toujours facile à assumer.

Sur huit millions de personnes vivant en Suisse, environ la moitié est vaccinée, alors que notre pays va subir une quatrième vague d'infection au Covid-19, comme l'a indiqué samedi le conseiller fédéral Alain Berset.

>> Lire : La Suisse va subir une 4e vague de Covid-19, prévient Alain Berset

Aujourd'hui, refuser l'injection et l'affirmer publiquement n'est pas chose facile. C'est pourquoi les deux femmes qui ont témoigné dimanche dans le 19h30 de la RTS ont choisi de le faire anonymement, alors qu'elles sont convaincues de leur choix.

"Ça me fait peur de m'injecter quelque chose pour laquelle il n'y a pas énormément d'années de recherche", explique Sabrina*. "La deuxième raison, c'est que je suis en bonne santé, donc je n'en ressens pas le besoin."

Quant à Davina*, elle répond: "C'est mon corps. Comme je ne suis pas une personne égoïste, je protège tout le monde, donc je mets le masque, j'ai deux mètres de distance, je me lave les mains".

Toutes deux craignent des effets secondaires. Elles s'inquiètent notamment des rumeurs parlant de conséquences sur la fertilité (lire encadré).

>> Lire : Ce qu'il faut savoir sur les effets secondaires liés aux vaccins anti-Covid

Une position assumée

Leur position, elles l'assument, mais elles admettent qu'elles ne s'attendaient pas à une telle pression sociale: "On se fait traiter d'idiote, de complotiste, qui ne veulent pas écouter les politiciens et les médecins", note Sabrina. "On se sent un peu rejetée ou pestiférée, si on répond que non, on n'est pas vaccinée".

Un choix aussi compliqué professionnellement, notamment pour Davina, en contact avec la clientèle: "C'est sans arrêt la même question: 'Etes-vous vaccinée?' Non. 'Mais vous êtes dangereuse, on ne viendra plus vous voir'. C'est une pression extrême, mais vu que, elles, elles sont vaccinées, je ne comprends pas le problème: elles sont protégées, ces personnes", souligne-t-elle.

>> Lire : On a posé vos questions sur le vaccin contre le Covid aux spécialistes

Lorena non plus n'a pas reçu le sérum: pour elle aussi, le sujet est sensible. Mais elle a souhaité témoigner face caméra, afin de montrer qu'elle n'est ni agressive, ni extrémiste.

Elle acquiesce à celles et ceux qui la trouvent égoïste: "Ils ont raison d'un côté: c'est vrai. Si on prend le monde entier, chacun doit faire sa petite partie pour aider l'autre, au final. Mais, pour une fois dans ma vie, j'ai choisi d'être égoïste à ce niveau-là, mais tout en respectant les autres et en essayant de ne pas les mettre en danger".

La science mise de côté

Toutes trois connaissent les réponses des scientifiques à leurs questions, mais elles ne les feront pas changer d'avis. Toutes craignent en revanche un durcissement des mesures qui pourraient ne plus leur laisser le choix: "Si cela devient aussi dur et strict qu'en France, je ferai le nécessaire. A ce moment-là", remarque Lorena.

>> Lire : Le Conseil fédéral veut faire payer les tests des personnes sans symptômes dès le 1er octobre

D'ici là, elles se disent prêtes à renoncer à certains loisirs et, surtout, à apprendre à vivre avec le spectre de cette maladie.

*noms d'emprunt; véritable identité connue de la rédaction

Sujet TV: Céline Brichet

Version web: Stéphanie Jaquet

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"Etre près des gens pour répondre à leurs questions"

"La situation s'est complexifiée et tendue", explique Claude-François Robert, le médecin cantonal neuchâtelois, au 19h30.

Il explique qu'il y a en Suisse une forte progression de la pandémie, "avec peu de conséquences sur les hôpitaux pour le moment. En même temps, on se dit qu'il faudrait faire des choix assez rapidement par rapport à la vaccination".

Le médecin ne comprend pas le rejet des arguments scientifiques et prend l'exemple des bruits sur une possible infertilité: "Dans toute l'histoire de la vaccination, il y a eu des rumeurs sur la fertilité: ça a été utilisé par les talibans, par exemple. Nous savons qu'il y a ces réticences, mais nous, en même temps, on doit effectivement entendre et essayer de comprendre et donner à ces personnes qui sont soit peu concernées, soit qui se disent 'Mais qu'est-ce que ça va changer pour moi?', une aide dans leur démarche".

>> Regarder l'interview :

Vaccino-scepticisme en Suisse: l'interview du médecin cantonal neuchâtelois Claude-François Robert
Vaccino-scepticisme en Suisse: l'interview du médecin cantonal neuchâtelois Claude-François Robert / 19h30 / 2 min. / le 15 août 2021

Face à la baisse de la demande, le centre de vaccination de Neuchâtel a fermé ses portes vendredi. Désormais, le canton a adopté une autre stratégie pour aller chercher les personnes hésitantes face à la vaccination et les convaincre: des équipes mobiles vont aller vers les gens dans les centres commerciaux, les villages décentrés, ou encore l'université.

"On va accompagner ces équipes, car ce n'est pas juste un geste technique de vacciner dans l'épaule", souligne Claude-François Robert. "Nous aurons des séances pour permettre la discussion, répondre aux questions avec des médecins qui ont suivi les 185'000 vaccinations que nous avons faites et pour lesquelles on a eu un choc anaphylactique et quelques malaises tout à fait banals. C'est ça notre idée: être près des gens pour répondre à leurs questions", conclut-il.