Le chef du Département des finances et des relations extérieures (DFIRE) a indiqué au journal du Nord vaudois La Région qu'il ne solliciterait pas un cinquième mandat au Conseil d'Etat.
"J'annonce mon retrait pour juin 2022", affirme-t-il, cité dans un article publié jeudi peu après minuit sur le site internet du journal, également paru ensuite dans son édition du jour.
"C'est une décision prise depuis très longtemps, partagée en famille. C'est le fruit d'une réflexion calme et posée", ajoute le grand argentier. "Il est temps de passer la main", poursuit-il, pragmatique. "Mais je vais continuer de faire mon travail avec enthousiasme jusqu'à la fin de mon mandat. L'enthousiasme que j'avais à ma première candidature est resté intact.
Une décision prise en famille
La décision de Pascal Broulis était très attendue, d'autant que son collègue Philippe Leuba a annoncé jeudi qu'il ne rempilait pas pour un quatrième mandat. Les deux ministres sortants avaient jusqu'au 20 août pour déclarer s'ils se représentaient ou non.
La date de cette annonce, imposée par son parti, intervient toutefois "trop tôt", a estimé Pascal Broulis. Il a souligné que les autres partis n'allaient pas communiquer avant l'automne, et qu'il avait lui-même encore dix mois de travail avant de quitter son poste. "Je trouve dramatique cette tendance à se projeter immédiatement vers des élections alors qu'il y a une fonction à assumer", a-t-il dit.
Même s'il a dû se plier au calendrier du PLR Vaud, Pascal Broulis a affirmé qu'il n'avait pas cédé à la pression, certains membres de son parti appelant à un renouvellement après quatre mandats. "Ma décision a été prise uniquement en concertation avec mon épouse", a-t-il indiqué.
Une action saluée par son parti
Dans un communiqué, le PLR Vaud a salué l'action de son ministre "qui aura fortement marqué de son empreinte la politique vaudoise durant toute une génération." Le parti a rappelé les grands succès de Pascal Broulis, et notamment le redressement des finances du canton qui se trouvaient dans un état catastrophique lors de son entrée en fonction en 2002.
Ses qualités de "maître d'oeuvre de bâtiments emblématiques" ont aussi été louées par son parti, qui énumère les grands chantiers menés à bien par Pascal Broulis comme le nouveau Musée cantonal des Beaux-Arts ou la rénovation du Château Saint-Maire.
Preuve de ses nombreux succès, Pascal Broulis est devenu, lors de sa réélection en 2017, le premier conseiller d'Etat vaudois de l'histoire à dépasser la barre des 100'000 suffrages.
Deux candidats déclarés
Les candidats PLR ont jusqu'au 27 août pour exprimer leur intérêt pour le Conseil d'Etat. La ministre sortante Christelle Luisier et le député Sergei Aschwanden sont pour l'instant les seuls candidats déclarés,mais le parti devrait certainement partir avec un ticket à trois.
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Parmi les autres papables les plus souvent cités figurent la conseillère nationale Isabelle Moret, le conseiller national et ancien syndic d'Aigle Frédéric Borloz ainsi que le député Alexandre Berthoud. Ces deux derniers ont indiqué être intéressés et réfléchir encore.
Le parti se réunira ensuite en congrès le 22 septembre pour entériner les candidatures. Il entend aussi modifier ses statuts pour limiter la présence d'un élu PLR au gouvernement cantonal à quinze ans maximum, soit trois mandats.
ats/br
Toujours le même mordant
Elu depuis 2002 au Conseil d'Etat, Pascal Broulis a assuré avoir le même "mordant" et ne pas ressentir l'usure du pouvoir. "J'ai toujours considéré que j'occupais une fonction, pas un métier. Or une fonction, il faut la remettre. C'est un cycle normal", s'est-il justifié.
Agé de 56 ans, le chef du Département des finances et des relations extérieures a affirmé qu'il n'avait encore rien envisagé pour la suite de sa carrière.
Après trois législatures au zénith, la 4e a été plus épineuse pour le conseiller d'Etat Pascal Broulis. Des attaques sur sa situation fiscale et ses liens avec le milliardaire Frederik Paulsen ont terni l'excellent bilan du Vaudois.
Avant cela, Pascal Broulis a été pendant longtemps l'homme à qui tout réussit. Dès l'âge de 20 ans, le Sainte-Crix d'origine grecque siège au législatif de sa commune. A 25 ans, il est le plus jeune député au Grand Conseil, dont il devient rapidement l'un des ténors. Entré au Conseil d'Etat en 2002, il redresse patiemment des finances alors catastrophiques, suivant sa politique des petits pas.
En 2018, l'élu vit une "annus horribilis". Le quotidien alémanique Tages-Anzeiger révèle que le ministre des Finances est taxé pour deux tiers à Sainte-Croix, alors qu'il réside à Lausanne en semaine et que son enfant y est scolarisé. Il est blanchi par le gouvernement, mais un certain malaise subsiste.