La Suisse n'a pas, comme la France, interdit aux entreprises de jeter les invendus. Les principaux acteurs commerciaux du pays disent avoir plusieurs possibilités pour gérer les produits qu'ils n'ont pas vendus.
Il n'y a pas non plus de chiffres concernant le gaspillage en Suisse et il est donc difficile de comprendre l'ampleur du phénomène. Cette opacité a poussé la conseillère nationale vert'libérale Isabelle Chevalley à intervenir au Parlement et proposer un postulat.
Plusieurs options pour éviter le gaspillage
Tristan Cerf, porte-parole de la Migros, explique que les produits sont "revalorisés". "S'il y a des produits qu'on n'arrive pas à vendre, il y a toujours la possibilité de les vendre par action ou à travers notre réseau d'outlet. On peut aussi les vendre à un prix symbolique à nos collaborateurs et collaboratrices ou même les donner à des associations caritatives", précise-t-il.
Du côté du vendeur en ligne Digitec-Galaxus, le credo est de "ne pas accumuler de marchandises pour éviter de devoir les jeter". L'essentiel des commandes se fait selon un système automatisé qui tente de prévoir via des modèles mathématiques quand et à quelle fréquence les articles se vendront.
Mais certains produits doivent malgré tout être détruits quand la clientèle les renvoie. Stephan Kurmann, porte-parole de l'entreprise, indique que dans ces cas, la majorité des produits peuvent être revendus "sauf s'il s'agit de produits d'hygiène ou des sous-vêtements".
Les invendus sont "une boîte noire"
Selon la porte-parole de l'ONG Public Eye, Géraldine Viret, "la plupart des enseignes de la mode ne communiquent pas sur le sort de la marchandise invendue".
Elle ajoute que "l'ampleur des destructions" n'est pas connue, mais qu'il s'agit d'"un phénomène avéré, certaines entreprises ont d'ailleurs été épinglées pour cela". Selon plusieurs estimations, parmi les milliards de vêtements produits dans le monde, plus des 2/3 finiraient directement à la déchetterie.
Les chiffres manquent en Suisse pour savoir si le gaspillage est un problème marginal ou un véritable phénomène. C'est pourquoi Isabelle Chevalley est intervenue: "C'est une espèce de boîte noire aujourd'hui. (...) Le but de mon postulat, c'est justement que le Conseil fédéral enquête avec la branche pour savoir ce qu'ils font des invendus et s'ils les détruisent que la branche nous amène des solutions", énonce-t-elle.
Le Conseil national a accepté en début d'été ce postulat pour lutter contre le gaspillage. Le Conseil fédéral va devoir établir un rapport comprenant un état des lieux et d'éventuelles solutions.
Marie Giovanola/aps