Lucie Rochat: "Le mariage pour tous ne supprime pas une discrimination, mais instaure des privilèges"
"Les couples hétérosexuels n'ont pas accès à la procréation médicalement assistée (PMA) lorsqu'il n'y a pas de stérilité avérée ou de maladie transmissible. Avec ce projet, il est question d'instaurer des privilèges auxquels même les couples hétérosexuels n'ont jamais eu droit", pointe la membre du comité de l'UDC Vaud mercredi dans La Matinale.
Outre l'ouverture du mariage à toutes et tous, le projet soumis au vote prévoit l'accès à la PMA pour les lesbiennes et l'adoption conjointe. Et Lucie Rochat insiste sur ces points.
"Il ne s'agit pas uniquement du mariage civil et il est très important de le répéter. On cherche à limiter le débat à la question du mariage et on fait passer d'autres choses par la petite porte. Ce que le peuple suisse doit bien comprendre, c'est qu'on ne lui donne pas la possibilité de parler du mariage civil sans en même temps faire passer un élargissement du droit à la PMA", signale l'enseignante.
Intérêt de l'enfant
Si le projet est accepté par le peuple, les couples homosexuels mariés se verraient ouvrir la voie de l'adoption conjointe, à l'instar des couples hétérosexuels. Pour l'heure, sous le régime du partenariat enregistré, seule l'adoption de l'enfant du conjoint est légalement possible.
"Cette loi a dans son essence un changement radical de conception des relations entre parents et enfant. En Suisse, l'intérêt général de l'enfant a toujours été considéré comme prioritaire sur l'intérêt des parents. Aujourd'hui avec cette loi, on commence à considérer que le fait d'avoir un enfant est un droit et que celui-ci est supérieur au droit même de l'enfant", estime Lucie Rochat.
"Du matériel humain"
La présidente des Femmes UDC romandes s'aligne donc avec son parti, dont l'assemblée des délégués a rejeté samedi la modification du Code civil pour permettre le mariage pour tous. Une modification précisément combattue par un référendum lancé par l'UDC et l'UDF.
"Avec ce projet, on laisse tomber une partie de la prudence dont on a toujours fait preuve par rapport à la PMA pour l'élargir aux couples de même sexe. Pour ce privilège, on demande à la population suisse de se plier et de bien vouloir reconnaître que le père n'est pas forcément nécessaire, qu'il peut simplement être considéré comme du matériel humain utilisable pour satisfaire le désir d'autres personnes. La discrimination n'est pas du côté où on l'attend", lance Lucie Rochat.
Propos recueillis par David Berger
Adaptation web: Guillaume Martinez
La Matinale recevra jeudi Olga Baranova, directrice de la campagne en faveur du mariage pour tous.