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Les accros aux jeux pourraient être bientôt exclus des Tactilos

Accros : aux loteries électroniques
Accros : aux loteries électroniques / Mise au point / 13 min. / le 29 août 2021
L’autorité intercantonale de surveillance des jeux d’argent (GESPA) examine la possibilité d’exclure les joueurs problématiques des loteries électroniques, communément appelées "Tactilos", révèle dimanche l’émission Mise au Point. Cette obligation est pour l'heure réservée uniquement aux casinos et aux opérateurs de jeux en ligne.

Pierre-Alain Varone était ce que l'on appelle un joueur excessif. L'homme de 51 ans, aujourd'hui traité, assouvissait son besoin pathologique de jouer sur les Tactilos qu'il trouvait dans les différents bars et cafés du Bas-Valais.

Depuis la mise sur le marché de ces loteries électroniques par la Loterie romande en 1999 et jusqu’à sa prise en charge thérapeutique en 2018, il estime avoir englouti près d’un million de francs dans ces machines.

"Je jouais l’intégralité de mon salaire, soit 4000 francs par mois", explique-t-il dimanche dans l'émission Mise au Point. "J’ai volé tout le monde, mon père, ma soeur, mes employeurs, pour pouvoir financer cette addiction. J’ai même contracté un emprunt de 25'000 francs auprès d’un organisme de crédit que j’ai dépensé en une seule journée."

Nombreuses consultations

Au Centre du jeu excessif au CHUV à Lausanne, les accros aux loteries électroniques représentent plus d’un tiers des prises en charge. "On voit comment ces jeux, qui sont relativement inoffensifs lorsqu’ils sont présentés sous forme de billets à gratter, se muent en bombe addictologique dans leur forme numérique", constate le médecin responsable du Centre Olivier Simon qui voit défiler les "patients Tactilos" depuis 20 ans.

"La vitesse de jeu est très élevée et les patients que nous traitons y dépensent facilement plusieurs centaines de francs en quelques minutes", poursuit-il. "Toutes les données cliniques convergent pour indiquer que ces loteries électroniques font partie de la catégorie des jeux les plus dangereux, au même titre que les machines à sous."

Guerre des chiffres

Les acteurs de la prévention dénoncent la dangerosité des Tactilos depuis leur mise en service. Ils estiment par ailleurs que les dispositifs de loterie électronique ciblent, volontairement ou non, une population fragile.

"Les chiffres dont nous disposons dans les pays qui nous entourent indiquent que la petite part de joueurs pathologiques (entre 1 et 2%) représente près de la moitié du chiffre d’affaires de ce type de jeux", détaille Jean-Felix Savary, secrétaire général du Groupement romand d’études des additions. "On fait ainsi de l’argent sur une population vulnérable, sur des gens malades, que nous devrions plutôt aider."

Du côté de la Loterie romande, ces chiffres sont contestés. "Ils se basent sur des études internationales qui ne sont pas applicables à la Suisse", souligne Jean-Luc Moner-Banet, directeur de la société d’utilité publique. "Notre système de régulation, nos jeux, notre contexte ne sont pas les mêmes. Une étude faite dans un système X ne s’applique pas automatiquement dans un système Y."

Régulation

Chaque année, la Loterie romande reverse l’intégralité de ses bénéfices, soit plus de 200 millions de francs en moyenne ces dernières années, dans les domaines de la culture, du sport, du patrimoine et de l’action sociale.

"Les loteries électroniques représentent un peu plus de 18% de notre produit brut des jeux, ajoute Jean-Luc Moner-Banet. "Elles constituent surtout un moyen efficace de lutter contre le jeu clandestin dans les bistrots et l’implantation de réseaux parallèles qui exploitent des machines à sous."

La question d’une régulation plus stricte des Tactilos est à l’étude au sein de l’autorité intercantonale de surveillance des jeux d’argent (GESPA), dans le cadre de la mise en conformité de l’autorisation d’exploitation avec la nouvelle loi fédérale sur les jeux d’argent entrée en vigueur en 2019. Le régulateur examine notamment la possibilité de mettre en oeuvre une obligation de détecter et d’exclure les joueurs telle qu’elle est déjà en vigueur pour les casinos.

François Roulet/fgn

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