Les réformes, telles qu'elles sont sur la table aujourd'hui, sont un affront aux travailleurs et travailleuses, selon l'Union syndicale suisse (USS) et Travail.Suisse qui ont convoqué vendredi la presse à Berne. Elles sont dirigées contre les femmes, contre la classe moyenne et contre la confiance dans un système de retraite durable et solidaire.
Dans l'AVS, il est prévu d'augmenter l'âge de la retraite des femmes, de limiter l'octroi flexible de la rente de vieillesse et de financer l'AVS par une modeste augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée. Dans le domaine de la prévoyance professionnelle, le compromis entre les partenaires sociaux a été écarté au profit d'un modèle qui entraîne des pertes massives de rentes, selon Adrian Wüthrich, président de Travail.Suisse.
Les syndicats sont résolus à combattre ces attaques contre le système de retraites, résume le conseiller national Pierre-Yves Maillard (PS/VD), président de l'USS. Il s'agit d'envoyer un signal clair aux décideurs qui siégeront sous la Coupole pour la session d'automne.
Milliards d'économies
Actuellement, les femmes perçoivent une retraite AVS inférieure d'un tiers à celle des hommes. Or il est question de réaliser 1,2 milliard d'économies par an sur leur dos, critique Unia.
Quant au deuxième pilier, des dérapages sont aussi à craindre, selon les syndicats. La dernière proposition de la commission imposerait des cotisations qui feraient baisser le salaire net de 1,2 à près de 4% pour tous les salariés de moins de 55 ans. Elle entraînerait une baisse des rentes pouvant aller jusqu'à 12% pour la partie obligatoire, selon Pierre-Yves Maillard.
Professions féminines touchées
Concrètement, les syndicats craignent des réductions de rente particulièrement élevées pour les personnes qui auraient 48 ou 49 ans lors de l'entrée en vigueur de la réforme. Et tous les revenus à partir de 50'000 francs seraient concernés.
Le supplément de rente est aussi très controversé. Une récente analyse de l'USS appliquée à seize plans de prévoyance dans des professions dites typiquement féminines montre que les vendeuses, infirmières et enseignantes pourraient désormais perdre de l'argent. Elles n'auraient droit au supplément de rente que dans des cas exceptionnels.
Pour Pierre-Yves Maillard, il s'agit de retrouver l'esprit des pionniers de 1948. "L'AVS, c'est un choix fondamental qu'il s'agit aujourd'hui de réitérer. La Suisse est assez riche pour garantir aux femmes et aux hommes la retraite que nos aînés ont créée, développée et financée jusqu'à aujourd'hui."
ats/fgn