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Le site "jestime.ch" évalue anonymement les droits aux prestations sociales

Les prestations complémentaires ou "PC" sont un des piliers majeurs de l’Etat social en Suisse. [Depositphotos - JoPanuwatD]
"Jestime.ch", le site qui permet de tester ses droits aux prestations sociales / On en parle / 11 min. / le 6 septembre 2021
Alors que 25% des Suissesses et Suisses ayant droit à des prestations sociales ne les réclament pas, l'outil développé par le professeur Jean-Pierre Tabin et la Haute École Arc a pour ambition de combler le manque d'information en la matière.

Financé grâce à une fondation privée, le site a été développé par Jean-Pierre Tabin, professeur à la Haute École de Travail social et de la Santé de Lausanne et la Haute École Arc.

Régulièrement mis à jour avec de nouvelles informations, celui-ci est actuellement disponible en français mais l'équipe espère pouvoir bientôt le traduire dans d'autres langues.

Comment ça marche?

Rendez-vous sur le site jestime.ch et renseignez un prénom et un code postal. Ce dernier est important, car un certain nombre de prestations sociales dépendent de votre lieu d'habitation.

Il faut ensuite donner les chiffres de sa situation professionnelle et personnelle comme ses revenus, son patrimoine… Jean-Pierre Tabin conseille aux internautes de se munir de leur déclaration d'impôts afin de remplir le formulaire car tous les éléments demandés y figurent. En moins de 10 minutes, le site estime les prestations auxquelles vous avez droit.

Le traitement des données

Les données sont anonymes et intraçables. La plateforme ne jette cependant pas toutes les données: des chiffres comme le nombre d'utilisateurs sont conservés afin de démontrer l'utilité du site auprès des cantons et des communes.

Interrogé dans l’émission "On en parle", Jean-Pierre Tabin confie en effet s'être heurté à la réticence de certains cantons ou de certaines communes lors de la création du projet. Leurs responsables expliquent avoir peur de donner de faux espoirs à des personnes qui n'auraient pas le droit aux prestations et de se voir débordés de demandes.

L'investigateur du projet émet l'hypothèse complémentaire de la crainte d'un problème de budget si tout à coup 25% de demandes d'aides supplémentaires sont déposées.

La complexité des démarches

D'après Jean-Pierre Tabin, si les prestations sont si peu demandées, c'est tout d'abord car les personnes sont mal informées sur leurs droits: elles ignorent l'existence des prestations.

La complexité des démarches constitue un second frein. En effet, les systèmes d'aides varient d'un canton à l'autre et sont divisées en différents services indépendants. Quelles aides demander à la Confédération, aux cantons ou aux communes? La population se perd parmi les procédures complexes, sans certitude de recevoir une aide au terme des démarches.

D'autres obstacles comme la peur de devoir rembourser ultérieurement l'aide reçue ou la peur de perdre son permis de séjour entrent encore en jeu.

Le rôle des cantons et des communes

D'après Jean-Pierre Tabin, la transparence du système de demandes varie fortement d'un canton à l'autre ou d'une commune à l'autre. Lors du développement de la plateforme, il s'est lui-même heurté à la difficulté d'obtenir certaines informations.

Quant aux personnes qui craignent de voir se multiplier les abus, ceux-ci restent minimes puisque les études indiquent qu'ils représentent entre 1% et 3% de l'argent distribué sous forme d'aide. Un chiffre dérisoire en comparaison avec le 25% des ayants droit qui ne réclament pas leurs aides.

Meili Gernet / Mathieu Truffer

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