Comme Lucerne est un bastion du Parti démocrate-chrétien, beaucoup parlent d'un moment historique: ce mot était sur toutes les lèvres lors de cette assemblée et il a été prononcé des dizaines de fois dans les différentes et nombreuses prises de paroles.
Plus de 300 déléguées et délégués ont fait le déplacement à Hochdorf pour participer à cette assemblée. Et c'est après trois heures de débat que le verdict est tombé: à une très large majorité – 282 voix contre 43 – le PDC lucernois est devenu "Le Centre". Même Gerhard Pfister, le président du parti suisse, avait fait le déplacement pour convaincre les troupes.
Gagner un nouvel électorat
Toute l'attention s'est focalisée sur le "C" de "PDC". Un "C" comme "chrétien": est-il encore dans l'air du temps? Sert-il ou dessert-il les idées du parti? Pour les plus jeunes, aucun doute: il fallait changer de nom, afin de changer d'image et gagner un nouvel électorat.
Les personnes plus anciennes ont tenu des discours plus nuancés. Beaucoup ont dit leur attachement aux valeurs chrétiennes et, donc, à ce "C" du Parti démocrate-chrétien. Elles se sont finalement laissées convaincre. Par soucis de cohésion, un peu par résignation aussi, car le parti perd de son électorat chaque année. Il faut savoir se réinventer et prendre le train en marche, comme la majorité des sections cantonales qui ont déjà choisi de se nommer "Le Centre".
Pour l'heure, il n'y a que les sections d'Obwald, d'Uri et du Haut-Valais qui ont choisi de garder le nom "PDC". Quelques sections en Suisse romande – Jura, Genève, Neuchâtel – devront encore se prononcer.
Une longue histoire
A Lucerne, ce changement de nom a été très émotionnel et disputé – bien plus qu'ailleurs – car c'est le berceau du Parti démocrate-chrétien. Il tire ses racines du Kulturkampf au XIXe siècle, lorsque les catholiques conservateurs de Lucerne forment un premier parti, pour contrer l'esprit libéral en vogue. Bien plus tard, en 1971, il deviendra le PDC.
En renonçant à ce fameux "C" , le PDC lucernois – désormais "Le Centre Lucerne" – montre que ce bastion du catholicisme politique est tombé.
Sujet radio: Delphine Gendre
Version web: Stéphanie Jaquet