Cet attentat est l'un des plus meurtriers jamais survenu en Suisse. "Es geschah am...Das Attentat von Zug" retrace cette journée terrible, où un homme armé a pénétré dans le Parlement cantonal, certain d'être la victime d'un complot fomenté par les autorités. Bilan: 14 morts.
Le format du film, disponible sur l'application Play Suisse, est particulier, puisqu'il s'agit d'un docu-fiction. L'attentat est raconté par des témoins de l'époque et joué en parallèle par des acteurs.
Parmi les narrateurs figurent entre autres un policier, une journaliste, une famille en deuil et les politiciens présents ce jour-là.
Une avant-première forte en émotions
Plusieurs d'entre-eux se sont rendus à l'avant-première de ce documentaire. L'atmosphère y était lourde et très émotionnelle. Le souvenir de cet attentat est encore très vif, comme en témoigne le producteur du film Rolf Elsener, lui-même Zougois.
"Pendant longtemps, j'ai eu l'impression qu'on n'avait plus le droit d'en parler, parce qu'il pouvait toujours y avoir quelqu'un en face qui avait perdu un proche. On ne voulait pas rouvrir ces blessures", explique-t-il.
"Aujourd'hui, 20 ans après, je sens qu'il y a beaucoup de gens qui veulent raconter ce qu'il s'est passé. Cela leur fait du bien de pouvoir le faire", développe Rolf Elsener.
>> Lire à ce sujet : Vingt ans après, Gerhard Pfister sent encore les conséquences de l'attentat de Zoug
A l'époque, cet attentat est aussi un choc pour les instances démocratiques. C'est tout un gouvernement qui sombre. Sur les sept ministres zougois, trois sont tués et deux ont été blessés. Le Parlement perd onze de ses membres et quatorze députés sont blessés dans l'attaque. C'est grâce à un fort élan de solidarité que le canton va progressivement se remettre sur les rails.
Nombreux changements après l'attaque
L'attentat de Zoug a changé passablement de choses en Suisse. Il est aujourd'hui impensable d'entrer dans un Parlement sans passer par un poste de sécurité.
La loi sur les armes a aussi été réformée. Jo Lang, député zougois à l'époque et devenu ensuite conseiller national, y a veillé. "Pour les 91 tirs, il a fallu changer seulement deux fois les magasins de trente coups. La première fois, nous ne pouvions pas réagir, parce que nous étions surpris. La deuxième fois, c'était aussi difficile. S'il avait dû changer huit fois de magasin, comme cela est le cas aujourd'hui, nous aurions eu une chance de lui prendre son arme", a expliqué Jo Lang dans La Matinale de la RTS.
Le temps passé permet aussi à ce film d'aborder la question de l'après et du choc post-traumatique. Dans ce cas, on sent que cet attentat a laissé une marque indélébile.
Joëlle Cachin/jfe