"Ce pass sanitaire ne me plaît pas non plus", admet Alain Berset, déclarant avoir espéré ne pas devoir l'imposer. Il a toutefois affirmé qu'avec l'arrivée du variant Delta, "il n'y a pas d'alternative valable" afin de "garantir qu'il n'y ait pas de surcharge du système hospitalier", justifiant la décision du Conseil fédéral d'étendre largement le certificat Covid à partir de lundi.
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Trois semaines pour voir les effets
Le conseiller fédéral relève que c'est une mesure "moins efficace que les fermetures, mais c'est une restriction des libertés beaucoup moins forte". "Il faut voir d'où l'on vient: ce pass me paraît être un retour des libertés s'il faut, pour un temps, montrer qu'on n'est pas infectieux pour garder les activités ouvertes et tomber le masque", fait-il valoir.
"Il faudra deux à trois semaines pour voir l'effet positif avec le certificat Covid - on l'espère - sur la conduite de la pandémie. Aujourd'hui, on ne peut pas se le permettre. Avec une semaine et un doublement des cas, on aurait des hôpitaux débordés.."
Il y a un vrai problème de personnel dans les hôpitaux
Il soulève également qu'"il y a un vrai problème de personnel dans les hôpitaux", un personnel soignant "à la limite, épuisé". C'est, selon lui, la donnée qui a changé entre la consultation sur l'extension du certificat Covid et la décision du gouvernement mercredi. "C'est un élément décisif: pour chaque personne aux soins intensifs, il faut cinq à huit personnes", décrit Alain Berset.
Eviter la surcharger du système hospitalier
La situation hospitalière est "instable" et "difficile", souligne le ministre. "Depuis un mois, il y a 60 à 70 hospitalisations par jour, un tiers de ces personnes vont aux soins intensifs et cinq à sept d'entre elles vont décéder", énumère Alain Berset, comparant la situation au "crash d'un bus dans un ravin" chaque jour. "Si nous ne pouvons pas tout empêcher, nous devons garantir que le système hospitalier ne soit pas surchargé. Car ce risque est devant nous", ajoute-t-il.
Face au faible taux de vaccination de la population suisse (59,01% de la population a reçu une dose de vaccin et 52,35% sont entièrement vaccinés) par rapport à ses voisins, il refuse de parler d'"échec", mais il évoque "une déception".
La vaccination n'est pas un miracle, mais c'est une solution
"La vaccination n'est pas un miracle, mais c'est une solution", relève-t-il. Il incite aussi les personnes qui attendent encore de se faire vacciner à le faire: "Je comprends celles et ceux qui ne souhaitaient pas être les premiers à se ruer sur le vaccin. Mais maintenant, c'est le bon moment. On a le recul, on voit des millions, des milliards bientôt, de personnes vaccinées avec ces vaccins et cela se passe très bien."
Et d'insister: "Il faut un sursaut si on veut éviter un hiver difficile."
Propos recueillis par David Berger/vajo