Dans deux semaines, les Suisses voteront sur le mariage pour tous. Si le oui l’emporte, le mariage civil pour un couple de même sexe sera possible. On parle bien de mariage civil. Pas religieux.
Pourtant, la question est aussi morale. D’ailleurs, toutes les Églises chrétiennes ont pris position, sans pour autant faire campagne. Oui pour les protestants. Non pour les catholiques et les évangéliques. Alors, quel sera le poids du vote religieux ?
Samedi matin, dans les rues de Tramelan, les partisans du mariage pour tous ont installé leur stand. L’occasion de voir si le sujet est encore brûlant.
Présence évangélique
"Hier soir en m'endormant, j'étais un peu stressé. Ici, on va vraiment rencontrer de l'opposition", raconte Mathieu Houmard, membre du comité régional pour le mariage pour tous.
Le stand est posé au milieu de la Rue Albert-Gobat, la rue aux quatre églises. "La présence des églises évangéliques peut avoir un impact sur la votation", estime le militant mariage pour tous Régis Froidevaux.
Car en 2005, certaines régions du Jura bernois avaient refusé le partenariat enregistré pour les personnes de même sexe par plus de 60% des voix. "On avait déjà fait un stand à Tramelan. A l'époque, les gens nous évitaient. Il y avait beaucoup de rejet. On nous disait que c'était anormal, contre-nature, que Dieu n'a pas voulu ça,…"
Tradition
Autre ambiance cette année sur le stand. Les messages de soutien sont plus nombreux. Mais à quel point les mentalités ont-elles évolué ? Que pensent celles et ceux qui ne s’approchent pas forcément des stands de campagne dans la rue ?
Il y a foule dimanche matin au culte du centre évangélique de Tavannes. Plus de 300 personnes. "En tant que chrétien, nous avons une approche un peu plus traditionaliste", explique Fabien, le responsable du groupe jeunesse de l’Assemblée chrétienne, l’une des plus grandes communautés évangéliques de la région.
"Nous croyons en la Bible. Dans la parole de Dieu, le mariage est entre un homme et une femme. C'est pourquoi, on est plutôt défavorable au mariage pour tous".
Être homosexuel et appartenir à une église évangélique, est-ce possible ? Mathieu Houmard, partisan du mariage pour tous, a fait partie d’une Église évangélique, avant de la quitter et de faire son coming out il y a 6 ans.
"L'homosexualité se vit cachée pour les fidèles. Ce n'est pas encore vraiment accepté par les évangéliques. Dans les cultes, on n'entend jamais parler d'homosexualité. C'est un sujet tabou."
Un vote incertain
Dans sa ferme, au-dessus de Tavannes, on retrouve le pasteur Marcel Niederhauser. "Un homme ou une femme peut vivre un certain penchant. Quand une personne vit un pareil dysfonctionnement, il n'y a aucune raison de la rejeter. Nous pouvons parler du plan de Dieu pour qu'elle découvre sa vraie identité que Dieu voulait pour sa vie".
Dysfonctionnement. Le mot est trop fort pour Mathieu Houmard. "On ne peut pas tous entrer dans la norme. Nous sommes tous normaux, pour nous même". S'il n'a pas de problème à prendre la main de son copain dans la rue et ne ressent pas l'homophobie au quotidien, il reste anxieux pour le résultat du vote. "Si le texte ne passe pas, je me dirais qu'il y a une majorité de gens dans le jura bernois qui sont contre mon couple".
Martine Clerc, Coraline Pauchard