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Le oui au mariage pour tous recule, mais reste largement devant, selon le 2e sondage SSR

D'après le dernier sondage SSR le oui reste fort pour le mariage pour tous, mais le non gagne du terrain
D'après le dernier sondage SSR le oui reste fort pour le mariage pour tous, mais le non gagne du terrain / 19h30 / 2 min. / le 15 septembre 2021
Une majorité de la population serait désormais opposée à l'initiative 99% de la Jeunesse socialiste, selon le deuxième sondage SSR publié mercredi. Le mariage civil pour toutes et tous serait quant à lui accepté, même si le soutien au projet a quelque peu reculé au fil de la campagne.

La campagne profite aux opposants aux deux objets soumis au vote le 26 septembre. Entre la première enquête gfs.bern réalisée début août et la seconde enquête menée un mois plus tard, le rejet de l'initiative populaire "Alléger les impôts sur les salaires, imposer équitablement le capital" a augmenté de 12 points pour atteindre 57% des personnes interrogées. Le texte de la Jeunesse socialiste ne recueille plus que 37% d'avis favorables (-9 points). Un non clair du peuple semble se dessiner.

Dans une moindre mesure, l'opposition au mariage pour toutes et tous s'est également renforcée, passant de 29% à 35%. Cette évolution de l'opinion est inhabituelle pour un projet émanant des autorités, relèvent les auteurs de l'étude. La modification du code civil continue néanmoins de bénéficier d'un large soutien de la population (63%, - 6 points). "Il n'est pas possible d'exclure entièrement un non au mariage pour tous, mais cela serait une surprise de taille", note l'institut gfs.bern.

Le mariage pour tous largement soutenu, sauf à l'UDC

Si la votation avait eu lieu début septembre, le projet soumis au peuple, qui autorise les couples homosexuels à se marier et ouvre la procréation médicalement assistée aux couples de lesbiennes, aurait réuni une majorité dans les trois régions linguistiques du pays, selon le sondage. Avec 56% d'avis favorables (-5 points), les Tessinois sont légèrement moins enthousiastes que les Romands et les Alémaniques (63% de oui, en baisse de 6 points chacun).

En termes d'affiliation politique, seuls les proches de l'UDC auraient refusé le mariage pour toutes et tous (64% de non, +14 points). Les électeurs et électrices de tous les autres grands partis sont majoritairement favorables au projet, même si le soutien est beaucoup plus massif chez les écologistes et les socialistes qu'auprès des sympathisants du Centre et du PLR. A noter que le oui est particulièrement net chez les personnes ne se revendiquant d'aucun parti.

L'importance de la foi chez les anti-mariage pour tous

En dehors des électeurs de l'UDC, les seuls groupes qui refuseraient le mariage pour tous sont les personnes méfiantes envers le gouvernement (54% de non, +10 points) ainsi que les membres des Eglises chrétiennes libres (82% de non, +6 points) et des communautés non chrétiennes (59% de non, +40 points). A l'inverse, quelque 60% des sondés se revendiquant des Eglises réformée ou catholique se disent favorables au texte. Plus de trois quarts des personnes sans confession entendent glisser un oui dans l'urne, indique le sondage.

L'âge et le genre jouent également un rôle dans la formation de l'opinion. Les jeunes sont nettement plus favorables que les seniors à l'élargissement du mariage aux couples de même sexe. Le projet est soutenu par les trois quarts des personnes de 18 à 39 ans, tandis qu'il ne recueille qu'une courte majorité chez les plus de 65 ans. Les femmes se montrent également plus ouvertes à cette évolution sociétale que les hommes. Plus de 70% d'entre elles y sont favorables, contre 56% des hommes seulement.

Les arguments des opposants progressent

Les arguments des opposants ont fait mouche dans une certaine frange de l'électorat de droite et du centre, ce qui explique le resserrement de l'écart entre partisans et opposants au mariage pour tous, relève gfs.bern. "Cette fois, les gens ont réalisé un peu plus tard de quoi on parle exactement, qu'il ne s'agit pas seulement du mariage mais aussi de l'adoption et du don de sperme pour les couples de même sexe, et ça a polarisé les opinions", explique Martina Mousson, l'une des autrices de l'étude.

Il existe toutefois un vaste consensus autour de la modification du code civil et les arguments en faveur du projet continuent de dominer le débat, conclut l'institut de recherche. Le oui devrait donc conserver son avance, et ce d'autant plus que la formation de l'opinion est déjà très avancée, comme en témoigne la faible part d'indécis (2%).

>> Lire aussi : Tout savoir sur le mariage pour toutes et tous en quelques questions

La droite et le centre mobilisés contre l'initiative 99%

Du côté de l'initiative 99%, qui veut taxer davantage les revenus du capital des personnes les plus fortunées du pays, on observe un affrontement gauche-droite classique. Encore partagés lors du premier sondage, les centristes ont cette fois-ci clairement choisi leur camp, celui du non. Alors que plus de la moitié des sympathisants vert'libéraux soutenaient le texte il y a un mois, ils sont désormais une nette majorité à s'y opposer (56% de non, +17 points). Quant aux électeurs et électrices du Centre, ils diraient non à 72% (+18 points).

A droite, l'initiative fait presque l'unanimité contre elle. Plus de 80% des sondés se déclarant proches du PLR ou de l'UDC ont l'intention de déposer un non dans l'urne. A l'opposé, les sympathisants des Verts (83% de oui, -1 point) et du Parti socialiste (81% de oui, -2 points) sont fermement convaincus par le texte. Les indépendants, quant à eux, sont tiraillés entre le oui et le non: 43% d'entre eux envisagent de soutenir l'initiative (+6 points), tandis que 48% comptent la repousser (+10 points).

L'initiative de la Jeunesse socialiste serait rejetée dans toutes les régions linguistiques. Elle obtient toutefois un succès d'estime dans l'opinion en Suisse romande, où la part des partisans reste quasi stable (46% de oui, -1 point). Les nombreux indécis romands du début de la campagne ont néanmoins rejoint les rangs des opposants (50% de non, +9 points). En Suisse alémanique et au Tessin, le rejet du texte a crû encore plus fortement, atteignant respectivement 59% (+12 points) et 57% (+15 points) de la population.

Les pauvres, les jeunes et les femmes davantage convaincus

La situation financière des électrices et électeurs influence les intentions de vote de manière significative. Les personnes issues d'un ménage disposant d'un revenu inférieur à 3000 francs par mois sont ainsi les seules à accepter majoritairement l'initiative (55% de oui, -12 points). Séduite en début de campagne, la classe moyenne a quant à elle basculé dans le camp du non. Sans surprise, l'opposition la plus vive se retrouve chez les plus aisés. Plus de deux tiers de celles et ceux qui possèdent un revenu mensuel de plus de 11'000 francs glisseraient un non dans l'urne.

Dans la même logique, plus les sondés sont âgés, moins ils sont convaincus par l'initiative. Le texte des Jeunes socialistes recueille près de la moitié d'intentions de vote favorables chez les 18 à 39 ans (49%, -8 points). Le soutien n'est plus que de 37% chez les 40 à 64 ans (-6 points) et atteint seulement 29% chez les 65 ans et plus (-15 points). Les hommes sont nettement plus sceptiques que les femmes. Un tiers d'entre eux sont acquis au texte, contre 43% des femmes.

Les opposants ont remporté la bataille des arguments

Selon les auteurs de l'étude, l'évolution claire de l'opinion démontre le succès des arguments des opposants au texte. La majorité des sondés sont désormais convaincus que le nouvel impôt frapperait non seulement les riches mais aussi les classes moyennes, que les nouvelles contraintes feraient peser une incertitude supplémentaire sur les PME en situation de crise et que l'imposition des grandes fortunes en Suisse est déjà lourde en comparaison internationale. A l'inverse, les trois arguments en faveur de l'initiative 99% testés par l'enquête voient leur niveau d'approbation baisser.

>> Lire aussi : Qui soutient l'initiative 99% et qui la rejette? Et surtout, pourquoi? et Initiative 99%: qui devrait payer davantage d'impôts et qui non?

Didier Kottelat

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Méthode

Cette deuxième session de l’enquête Trend SRG-SSR sur les votations du 26 septembre 2021 a été réalisée par l’Institut de recherche gfs.bern entre le 1er et le 9 septembre 2021 auprès de 13’261 titulaires du droit de vote. La marge d’erreur statistique est de +/- 2,8 points de pourcentage.