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La Suisse veut utiliser la diplomatie scientifique dans les Balkans

Le physicien allemand Herwig Schopper désire créer dans les Balkans un centre de recherche en médecine biologique et nucléaire. [SEEIIST - gov.me/B. Cupic]
Le Conseil fédéral veut utiliser la recherche scientifique pour promouvoir la paix dans les Balkans / La Matinale / 1 min. / le 16 septembre 2021
Promouvoir la paix dans les Balkans grâce à la science: c'est ce qu'aimerait réaliser le gouvernement suisse. Ignazio Cassis a réuni cette semaine à Berne sept pays du sud-est de l'Europe, avec pour objectif de les convaincre de créer ensemble un centre de recherche biomédicale sur le cancer.

Le projet est ambitieux, mais son chemin est parsemé d'obstacles. Serbie, Kosovo, Albanie, Macédoine du Nord, Monténégro, Bosnie-Herzégovine, Croatie mais aussi Slovénie, Bulgarie, Grèce. Dix pays, dix gouvernements difficiles à réunir autour d'une table tant la région est divisée par des conflits persistants.

Mais peut-être la diplomatie scientifique peut-elle y parvenir. Tel est du moins le rêve d'Herwig Schopper. Ancien directeur du CERN à Genève, ce physicien de 97 ans s'active depuis cinq ans pour créer dans les Balkans un centre de recherche en médecine biologique et nucléaire.

"L'idée de ce nouveau centre est de répéter en quelque sorte ce que le CERN a fait pour l'Europe", explique le physicien au micro de La Matinale. "Le CERN a été créé à la sortie de la Seconde guerre mondiale. Il a aidé à promouvoir la science et la technologie en Europe. Mais il a aussi aidé des pays qui s'étaient fait la guerre à reprendre une coopération pacifique! J'aimerais qu'on puisse y arriver de la même manière dans les Balkans."

La Suisse, facilitatrice

Dénommé "South East European International Institute for Sustainable Technologies" (SEEIIST), ce centre comporterait un accélérateur de particules pour traiter certaines formes de cancer. L'Union européenne pourrait y investir, mais elle n'est pas perçue comme un acteur neutre dans les Balkans. D'où l'implication de la Suisse, par l'entremise de l'ambassadeur Stefan Estermann, responsable prospérité et durabilité au Département fédéral des Affaires étrangères: "Nous pouvons jouer notre rôle de facilitateur en mettant tous les acteurs de la région à une table", souligne-t-il.

"Nous avons le savoir-faire en partie ici en Suisse, avec le CERN et l'Institut Paul Scherrer. Je suis convaincu qu'il y a un réel potentiel. Il y a aussi ce traitement du cancer de pointe qui n'existe pas encore en Europe, seulement aux Etats-Unis et au Japon. Cet institut va aussi faire figure de vrai pionnier en Europe!"

Dans les prochaines étapes, il s'agira de donner corps au projet, mais surtout de choisir un lieu pour construire le laboratoire. Ce qui ne manquera pas d'attiser les rivalités et de mettre à l'épreuve les capacités d'arbitrage des diplomates suisses.

Etienne Kocher/sjaq

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