Anne-Françoise Loup: "Les milieux professionnels alertent depuis longtemps sur la pénurie globale en soins infirmiers"
Cet engouement s'explique en grande partie par la visibilité apportée par la pandémie de Covid-19, selon la directrice de la Haute Ecole Arc Santé à Neuchâtel et Delémont Anne-Françoise Loup. "Jusqu'ici, les jeunes ont fait preuve de beaucoup de solidarité durant cette crise sanitaire. Cela les a incités à continuer d'agir pour la population, notamment âgée et vieillissante", note-t-elle jeudi dans La Matinale.
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Mais la directrice met en garde: "Former des professionnels pour demain, c'est leur donner les moyens d'exercer leur profession dans les meilleures conditions possibles, et telle est ma responsabilité. Mais nous avons aussi, en tant que collectivité, la responsabilité de maintenir le plus longtemps possible ces professionnels dans le monde de la santé."
Anne-Françoise Loup rappelle qu'en Suisse un tiers du personnel infirmier de moins de 35 ans et plus de la moitié du personnel infirmier de plus de 50 ans ont quitté la profession. "Les jeunes qui choisissent les métiers de la santé connaissent les contraintes, se représentent le métier dans toutes ses dimensions. L'intérêt de la mission reste noble, mais la formation est particulièrement exigeante sur les aspects théoriques et pratiques à maîtriser."
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Deux ans pour être former aux soins intensifs
Avec la crainte de la surcharge des soins intensifs en raison du Covid-19, certaines voix s'interrogent sur la raison pour laquelle on ne forme pas davantage de personnel. "La formation en soins intensifs dure deux ans. Pour former des professionnels en soins intensifs compétents, il faut aussi qu'ils puissent être accueillis sur des lieux pratiques. Mais c'est justement les structures qui sont le plus exposées en ce moment. C'est un défi", souligne la responsable.
Et d'ajouter: "Certes, il manque du personnel dans les soins intensifs. C'est un vrai problème. Mais les milieux professionnels ont déjà alerté depuis longtemps sur la pénurie globale en soins infirmiers. (...) Il y a une chronique d'une pénurie annoncée qui s'écrit depuis quelques années."
Anne-Françoise Loup estime qu'il faut rendre le métier plus attractif "en montrant sa réalité complète, y compris dans les exigences et les compétences qui sont mobilisées", ainsi qu'en proposant un meilleur salaire et une formation continue tout au long de la carrière. "Pour pouvoir promouvoir la formation, nous devons avoir les garanties que les conditions de déploiement du métier après la formation soient attractives", souligne-t-elle.
Propos recueillis par David Berger/vajo