Ueli Maurer est apparu à une manifestation de l'UDC dimanche passé avec un T-shirt des "Freiheitstrychler", un groupe qui participe régulièrement à des manifestations contre les mesures anti-Covid.
L'action du conseiller fédéral a été critiquée comme une violation du principe de collégialité du Conseil fédéral. Mais selon lui, il n'a rien à se reprocher. Il a porté ce T-shirt par "pur hasard" et seulement pendant 5 minutes, précisant par ailleurs qu'il ne s'agissait pas d'une provocation. C'est ce qu'il a déclaré au groupe CH Media vendredi.
Ueli Maurer ne savait pas dans quel contexte ce vêtement était porté. Le conseiller fédéral affirme également avoir appelé à la vaccination lors de cette réunion de l'UDC de la commune de Wald (ZH). Avec le port de ce vêtement orné de fleurs alpines, il n'a pas voulu protester contre la politique du Conseil fédéral.
Mais le conseiller fédéral UDC est devenu un modèle pour les plus fermes opposants à la politique Covid du gouvernement. Preuve jeudi soir avec des manifestants qui ont scandé son prénom lors de la protestation qui a débordé devant le Palais fédéral. Une manifestation d'ailleurs organisée par les "Freiheitstrychler" qui utilisent désormais l'image d'Ueli Maurer sur leur site internet pour vendre le désormais polémique et célèbre T-shirt.
>> Lire : Plusieurs milliers de manifestants à Berne et Bienne
La gauche agacée
Cette situation agace une bonne partie de l'échiquier politique, surtout à gauche. Cet épisode est "triste et dangereux", a dit cette semaine le président des Verts, Balthasar Glättli. Il s'agit d'une "grossière violation de la collégialité qui sabote la campagne de vaccination", juge de son côté le socialiste Roger Nordmann.
"Ce qu'il a fait n'est pas acceptable, mais ce qui est encore moins acceptable c'est l'attitude d'un certain nombre d'extrémistes autour de la mouvance anti-vax qui utilisent ce débat pour essayer de mettre un maximum de désordre dans le pays dans l'espoir d'obtenir un non le 28 novembre (note: lors de la votation sur la loi Covid-19 révisée)", a de son côté réagi le conseiller national Vert Daniel Brélaz dans Forum.
Pour l'ancien conseiller fédéral Pascal Couchepin, interrogé dans le Blick, Ueli Maurer est un "adolescent qui joue avec les limites".
De son côté, l'UDC défend son ministre. A l'instar du conseiller national Jean-Luc Addor, qui déclarait cette semaine à la RTS qu'"avec ce vêtement, Ueli Maurer a voulu donner un signal fort aux nombreux citoyens de ce pays qui s'inquiètent tout simplement pour leur liberté".
Adrien Krause/lan
Qui est à la tête des Freiheitstrychler?
Selon la Sonntagsblick, un chef de chantier et un mystérieux informaticien seraient à la tête du groupe de sonneurs de cloches des Freiheitstrychler, fermement opposés aux mesures COVID et très actifs dans les manifestations.
Le premier, un Schwytzois de 47 ans, fondateur et porte-parole du groupe, a obtenu récemment les droits de la marque "Freiheitstrychler" jusqu’en 2031. Discret, il n'a pas souhaité répondre aux questions du Sonntagsblick. Selon le journal dominical, il est aujourd’hui à la tête d’un groupe tout sauf isolé. Son canal Telgram est très actif, avec plus de 4000 abonnés.
Un business aux teintes nationalistes
Le site internet du groupe est géré par le deuxième visage des Freiheitstrychler, un entrepreneur en informatique zurichois d’une cinquantaine d’années très actif sur la toile, puisque plusieurs sites de la droite dite alternative - comme patriot.ch - sont enregistrés à son nom. L'homme s’était retrouvé sous les feux des projecteurs il y a quelques années pour avoir hébergé le site d’extrême droite swissdefenceleague.ch, a constaté le Sonntagsblick.
Le site propose par ailleurs une ribambelle d'articles aux teintes nationalistes, comme des T-Shirt à la gloire de Guillaume Tell. Un business que les Freiheistrychler ont bien compris, eux qui vont même jusqu'à utiliser l'image d'Ueli Maurer sur leur site internet pour vendre le désormais polémique et célèbre T-Shirt.
Les opposants aux mesures anti-Covid réunis à Winterthour
Plusieurs milliers d'opposantes et opposants aux mesures anti-Covid se sont rassemblés samedi après-midi à Winterthour. La manifestation, autorisée, était notamment organisée par les "Freiheitstrychler", présents avec leur propre service d'ordre.
Les manifestants, parmi lesquels de nombreux enfants, se sont rassemblés contre la "censure" et la "dictature vaccinale" au Neumarkt, au centre-ville de Winterthour.Le ministre de la santé Alain Berset a été dépeint comme un dictateur ou le diable.
Quasiment personne ne portait de masque. La police a dû intervenir dans quelques cas, notamment en qualité de médiatrice lors de désaccords verbaux entre des manifestants et des personnes favorables aux mesures du Conseil fédéral. Il n'y a pas eu d'incidents, a indiqué en soirée un porte-parole de la police communale.