"Comme la visite n'était pas définitivement convenue, il ne s'agit pas de l'annulation d'un rendez-vous confirmé", a de son côté assuré dimanche la porte-parole du Département de l'économie Irène Harnischberg à l'agence Keystone-ATS. Elle confirmait ainsi des informations parues dans Le Matin Dimanche et la SonntagsZeitung. "Il ne s'agissait pas d'une visite d'Etat, mais simplement d'une visite de travail", a-t-elle encore précisé.
Démenti français
En France, l'Elysée a démenti dimanche avoir annulé cette rencontre. "Le président Emmanuel Macron a confirmé le principe de la rencontre début 2021, les Suisses ont rapidement proposé une date en novembre et nous avions répondu que nous regarderions."
Mais "nous leur avions dit cet été que novembre serait compliqué", a précisé une source diplomatique, en ajoutant que "la date n'a pas été calée pour le moment". Emmanuel Macron a par ailleurs vu le président suisse Guy Parmelin aux JO de Tokyo en juillet. "Cela n'a jamais été annulé et encore moins pour les raisons évoquées", assure l'Elysée.
Choix des avions américains en cause?
Les deux journaux dominicaux laissent entendre que c'est la France qui aurait décidé de faire l'impasse sur le rendez-vous. L'achat par la Suisse d'avions américains F-35 plutôt que les avions français Rafale n'aurait pas plu à Emmanuel Macron. Selon des sources diplomatiques évoquées par les deux médias, Paris reprocherait au Département de la défense d'avoir continué à négocier alors que la décision d'acheter des avions américains était déjà prise.
En ce qui concerne les relations avec l'Union européenne, "les contacts avec nos pays voisins se déroulent à plusieurs niveaux, en premier lieu au niveau opérationnel et à travers nos ambassades. Ces contacts se poursuivent indépendamment des visites diplomatiques au plus haut niveau", a encore dit le département de Guy Parmelin.
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Contexte tendu en France
Cette annonce survient alors que la France est en colère après la rupture par l'Australie d'un énorme contrat d'armement avec elle. La marine australienne a renoncé à acquérir 12 sous-marins français pour un coût estimé à plus de 50 milliards d'euros.
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Un mauvais signe
Le conseiller aux Etats genevois Carlo Sommaruga interprète l'annulation de la rencontre franco-suisse du point de vue de la "fâcherie française" et fait le lien avec le mécontentement de la France à la suite de l'achat d'avions de combat américains. "Cette mauvaise humeur se manifeste dans cette désannonce d'un futur rendez-vous", analyse le socialiste.
On peut également l'interpréter comme un problème de calendrier, ajoute-t-il, "mais, dans ce cas, cela signifie que la Suisse est au second plan et ce n'est pas très réjouissant au moment où la France s'apprête à prendre la présidence du Conseil européen et que nous sommes en tension avec l'Union européenne".
Carlo Sommaruga considère que cette annulation n'est pas due au hasard. "Une rencontre avec le président du pays voisin est une rencontre importante" et on ne l'annule pas "au dernier moment, lorsqu'on a déjà fait les premiers préparatifs", estime le Genevois. "Je pense que c'est un signe qui n'est pas très encourageant."
ats/cab
Dernière visite présidentielle en 2018
La dernière visite d'un président de la Confédération en France remonte à trois ans. Alain Berset s'était rendu dans la capitale française en septembre 2018 pour, notamment, réaffirmer la volonté de la Suisse de progresser dans ses relations avec l'Union européenne et évoquer le rôle de la Genève internationale.
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