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Pour Pierre Ruetschi, il y a "très clairement un intérêt public" dans l'"affaire Berset"

Pierre Ruetschi, directeur du Club Suisse de la Presse, évoque le caractère public de l’affaire Berset (vidéo)
Pierre Ruetschi, directeur du Club Suisse de la Presse, évoque le caractère public de l’affaire Berset (vidéo) / La Matinale / 9 min. / le 21 septembre 2021
Entre affaire privée et intérêt public lié au chantage exercé sur un conseiller fédéral, l'"affaire Berset" ne peut pas être tue, estime mardi Pierre Ruetschi dans La Matinale. Mais le directeur du Club suisse de la presse de Genève insiste sur la présomption d'innocence et la proportionnalité de la réaction de la presse.

Dans cette affaire, il y a "très clairement un intérêt public", juge l'ancien rédacteur en chef de la Tribune de Genève, dans La Matinale. "Le fait qu'un ministre soit l'objet d'un chantage est une chose peu commune et pas du tout anodine, qui peut évidemment avoir un impact sur sa façon d'exercer sa fonction."

Et d'ajouter qu'une demande de 100'000 francs en échange du silence est "une pression forte" sur un ministre.

"J'aurais certainement sorti ces révélations"

En tant que rédacteur en chef, "j'aurais certainement sorti ces révélations sur la question du chantage, sur l'usage de ressources publiques pour gérer l'affaire", explique Pierre Ruetschi. "Mais en aucun cas avec le luxe de détails de la Weltwoche", qui voulait "raconter une histoire qui porte aussi préjudice au ministre".

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Dans tous les cas, il faut respecter la présomption d'innocence, souligne le Genevois, et il ne faut retenir que ce qui est utile pour la compréhension de cette affaire, et plus particulièrement "pour la partie intérêt public" de celle-ci.

Une affaire privée devenue publique

Une affaire extraconjugale d'un conseiller fédéral, si elle demeure exclusivement privée et qu'elle n'a aucune incidence sur son fonctionnement, reste de la sphère privée, insiste Pierre Ruetschi. Toutefois, "plusieurs éléments ont fait de cette affaire une affaire publique". Et le directeur du Club suisse de la presse de citer le recours au secrétaire général, à son conseiller personnel, l'utilisation de la voiture de fonction.

Mais ce qui est vraiment déterminant, c'est l'utilisation d'une demi-douzaine d'agents de la police fédérale pour arrêter cette personne. "Là, on ne peut plus dire qu'on reste dans la gestion d'une affaire extraconjugale au niveau privé."

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L'affaire Berset ne fait pas l'unanimité au sein du parlement
L'affaire Berset ne fait pas l'unanimité au sein du parlement / 19h30 / 2 min. / le 20 septembre 2021

Une exigence de transparence, mais aussi de proportionnalité

Ce qui relève strictement de la sphère très intime du conseiller fédéral n'est pas le sujet, mais lorsqu'il y a "un chantage, lorsqu'on utilise les ressources de l'Etat, il doit y avoir de la transparence. L'Etat, le Conseil fédéral, est tenu de donner aux citoyens les éléments de compréhension de cette situation".

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Pour Pierre Ruetschi, un conseiller fédéral sait, dès qu'il est élu, qu'il va être particulièrement exposé, qu'il n'est pas "un citoyen comme un autre" et que par conséquent il devra respecter des règles auxquelles les autres ne sont pas soumis. Pour autant, la présomption d'innocence doit prévaloir, insiste le Genevois, et la réaction de la presse doit être proportionnelle aux faits.

Propos recueillis par Romaine Morard

Adaptation web: ebz

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