Vous connaissez peut-être la sous-représentation des femmes parmi les artistes exposés et leur sur-représentation parmi les modèles dénudés… Mais avez-vous déjà songé à la température des salles ou à la hauteur des tableaux, calculées pour un homme moyen? Rebecca Amsellem, docteure en économie des musées, pointe le machisme des lieux d’art dans le Point J et dans une série de masterclasses données au Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant rouge.
"Le musée est l’héritage de notre imagination collective. Il est à l’image de notre société patriarcale, fait par des hommes pour des hommes. Et lorsque les décisions sont prises uniquement par des hommes, on oublie ce que c'est d’être une femme, que l’expérience n’est pas pareille. Typiquement, la température des salles a été choisie pour un homme de cinquante ans et de telle corpulence, comme les espaces de travail en général, ce qui fait que les femmes ont toujours un peu froid."
Patrimonisation plus inclusive
La fondatrice de la newsletter féministe Les Glorieuses dresse une série de mesures à mettre en place pour des musées plus inclusifs. Selon elle, la première urgence serait de procéder à une patrimonisation plus inclusive, c’est-à-dire à l’achat de davantage d’œuvres d’art réalisées par des femmes dans les collections des musées. "Parce c’est ce qui va rester de notre société pour les autres générations", prône Rebecca Amsellem. Mais on peut songer aussi à des scénographies plus inclusives, à des parcours éducatifs ou à l’embauche d’équipes aux profils variés…
Les quotas sont-ils une bonne idée? Faudrait-il bousculer la notion de chef d’œuvre?
Caroline Stevan et l’équipe du Point J