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L'annonce d'une hausse modérée des primes d'assurance fait déjà réagir

Les primes maladie pour 2022 devraient être inférieures à 1%. [Keystone - Christian Beutler]
Vers une hausse modérée des primes d'assurance maladie? Les explications d'Alexandra Richard / La Matinale / 1 min. / le 23 septembre 2021
Mardi prochain, les Suisses connaîtront leurs primes d'assurance maladie pour 2022. Les assureurs ont déjà publié leurs prévisions: une hausse modérée et probablement inférieure à 1%. Malgré cela, des voix s'élèvent pour qu'il n'y ait pas de hausse du tout.

Contrairement aux autres années, les coûts de la santé n'ont pratiquement pas bougé en 2020. En cause, une fois n'est pas coutume, la pandémie de Covid-19, qui a nécessité le report des opérations non urgentes et la fermeture des cabinets médicaux.

Santésuisse, l'une des faîtières des caisses maladie, justifie une nouvelle hausse des primes au regard de la reprise de l'activité médicale sur la première partie de l'année.

Un rattrapage

"On a observé une forte reprise au premier semestre 2021, avec une augmentation des coûts par assuré de + 3,25%", constate son porte-parole Christophe Kaempf. "Il y a probablement une forme de rattrapage dans certains secteurs. Par exemple, on observe une augmentation des coûts de plus de 20% dans le domaine de la physiothérapie, et une hausse soutenue aussi du côté des laboratoires ou de la vente de médicaments."

A la clé, une hausse légère des primes pour les assurés en raison des bonnes réserves des assureurs. C'est "trop", selon Simon Zurich, vice-président de la Fédération des patients.

"On est très déçu de constater que, malgré un recul de l'activité médicale en 2020 et des primes fixées trop hautes, cette différence n'est pas reversée aux assurés et continue à nourrir des réserves excessives auprès des assurances maladie", relève-t-il.

"Le ballet est bien réglé"

Interrogé dans La Matinale, le président de la Société médicale de la Suisse romande (SMSR) Philippe Eggimann n'y va pas par quatre chemins au moment de commenter cette nouvelle hausse annoncée.

"C'est une mauvaise nouvelle. Mais le ballet est bien réglé. Une fois de plus, elle est basée sur des prédictions. On nous dit: 'il y aura un rattrapage', mais je vois mal comment les médecins pourraient augmenter leur temps de travail", ne décolère-t-il pas.

Le médecin estime que durant une année ou deux, il ne devrait plus y avoir de hausse: "C'est l'évidence, puisque, malgré une augmentation relativement modérée depuis trois ans, les réserves des assureurs ont continué de s'accumuler et que la hausse des coûts de la santé s'est stabilisée autour de 1,5% par année."

Un système d'acomptes?

Philippe Eggimann souhaite un système plus transparent. Avec son collègue Michel Matter, médecin et conseiller national genevois, il signe un plaidoyer dans la Revue médicale suisse pour changer le système de fixation des primes en payant des acomptes, de la même façon que pour les impôts.

"Payer des acomptes est quelque chose qui est tout à fait envisageable. Mais conceptuellement, cela implique qu'une fois que vous avez finalisé les comptes et qu'il y a un bonus, on vous le rend intégralement. S'il y a un malus, on réunit les partenaires et on décide par quelle manière on va le financer", explique-t-il.

Selon Le Temps, quatre grandes caisses maladie ont indiqué qu'elles allaient reverser jusqu'à 200 millions de francs à leurs assurés sur leur prochaine prime, mais selon Philippe Eggimann, ce n'est pas assez.

"Deux cents à trois cents millions, je suis désolé, mais c'est une aumône par rapport aux trois milliards perçus en trop chaque année", réagit le président de la SMSR.

>> Voir l'interview complète de Philippe Eggimann dans La Matinale :

Philippe Eggimann analyse la potentielle hausse des primes maladie en 2022 (vidéo)
Philippe Eggimann analyse la potentielle hausse des primes maladie en 2022 (vidéo) / La Matinale / 8 min. / le 23 septembre 2021

Sujet radio: Alexandra Richard

Propos recueillis par Romaine Morard

Adaptation web: Jérémie Favre

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