Pluies, grêle, gel, mildiou, oïdium... Les vignes ont beaucoup souffert dans le pays cette année. La récolte de cet automne sera plus faible que d'habitude par endroits.
Ce sont 15% de moins qui sont prévus dans certaines régions du canton de Vaud et même une diminution de 20% à Genève. En Valais, on parle de la "pire année" depuis le fameux gel de 2017.
Mathilde Roux, vigneronne-encaveuse à Fully, exploite huit hectares de vignes. Selon l'invitée de La Matinale, il est difficile d'estimer la perte qu'elle subira cette année, car le raisin n'a pas encore été rentré: "On pourrait encore en perdre une partie avec la météo qui continue de s'annoncer mauvaise. Dans la globalité, je pense que ce sera entre 30 et 40% de pertes".
Elle rappelle que les conditions climatiques de la période allant de juillet à mi-août ont été très pluvieuses et humides: "Le mildiou s'est développé de manière presque incontrôlée" et il a donc provoqué beaucoup de dégâts. "Ce champignon, beaucoup de choses peuvent impacter son développement: une rosée ou un endroit un tout petit peu moins ventilé font qu'il va beaucoup plus se développer et, du coup, en bas de parcelle, en proximité de forêt, vont suffire à avoir plus de pertes", souligne-t-elle.
Les personnes faisant du bio, comme Mathilde Roux, peuvent être plus touchées: "Nous avons moins 'd'armes': on n'est que sur de la protection de contact: les produits que nous utilisons ne pénètrent pas dans la plante. Et il y a de grandes différences dans les cépages, certains étant bien plus sensibles".
"Pas de catastrophe" dans le canton de Vaud
Les vignes vaudoises ont aussi souffert des mauvaises conditions météo du printemps, mais moins qu'en Valais. Les vendanges des mousseux ont déjà commencé et le reste des cépages sera récolté d'ici la fin de la semaine.
Les dégâts diffèrent d'une région et d'une parcelle à l'autre: "Le vignoble de La Côte, qui représente plus que la moitié de la surface du vignoble cantonal, a été très peu impacté par les problèmes de gel, de grêle et de mildiou. Donc nous avons déjà plus de la moitié de la surface où les quotas sont pratiquement atteints", note François Montet, président de la Fédération vaudoise des vignerons.
"Il y a eu un épisode de grêle dans le Nord vaudois, mais il y a quand même une jolie récolte. C'est un petit peu plus difficile pour les régions Lavaux et Chablais: il y a eu un petit peu de gel de printemps, mais pas énorme, et quelques épisodes de grêle localisés. Puis il y a eu une pression du mildiou qui a été plus forte... mais ce n'est pas la catastrophe comme certains l'écrivent parfois".
"Il y a de très grosses différences d'une parcelle à l'autre, d'un vigneron à l'autre, d'un cépage à l'autre, selon l'orientation de la parcelle par rapport au soleil. Donc on a un peu de tout. Mais ce n'est pas non plus un vignoble ravagé auquel on a à faire. On a quand même beaucoup de parcelles qui sont pratiquement indemnes", tempère-t-il au micro de La Matinale.
Stéphanie Jaquet
La crainte du vol de grappes
Les mauvaises récoltes dans les vignes font craindre plus que jamais le vol de raisin: un larcin déjà commis par le passé. En Valais, les communes de Chamoson et de Vétroz ont donc ressuscité une vieille mesure, monnaie courante dans le reste de la Suisse romande: interdire l'accès aux vignobles le temps des vendanges grâce à un arrêté communal.
Toute personne repérée dans un vignoble doit expliquer la raison de sa présence et donner son nom, carte d'identité à l'appui. Les contrôles se font de jour, mais surtout de nuit.
Moins de vin en France
La production française de vin devrait chuter de 29% par rapport à 2020, pour s'établir à 33,3 millions d'hectolitres, en raison d'un épisode sévère de gel printanier et de la pression des maladies de la vigne durant l'été, selon une nouvelle estimation du ministère de l'Agriculture.
La production sera "historiquement basse, inférieure à celles de 1991 et 2017 affectées elles aussi par un gel sévère au printemps". Elle devrait être de 25% inférieure à la moyenne des récoltes des cinq dernières années.
La Bourgogne semble davantage touchée. Dans cette région, qui produit certains des crus français les plus prestigieux, "les rendements sont historiquement bas", estime François Labet, président du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). "On est globalement entre 30% à 50% de pertes mais il y a de gros écarts, avec 70% et 80% de pertes pour les blancs de la Côte de Beaune et moins 50% dans le Chablis et le Mâconnais".
La France représente le deuxième pays producteur de vin au monde derrière l'Italie et le premier pays exportateur.
afp/sjaq